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Accusée plume, levez-vous !

Boualem Sansal

L'écrivain Boualem Sansal emprisonné

Faire du tapage chaque jour, cela sert-il vraiment la cause des combattants de la plume dans un pays où l’on s’acharne à effacer toute trace de tête pensante ?

L’affaire Boualem Sansal ne constitue que le sommet d’un iceberg géant, mais il aura eu le mérite de sortir les intellectuels de tous bords de leur léthargie et de leur sommeil profond.

Les dérives totalitaires du pouvoir militaire d’Alger ne se comptent plus… depuis le mouvement citoyen Hirak, il fait preuve de vengeance sans commune mesure contre toute voix discordante.

Arrêter un homme d’une telle stature représente un signal fort pour toute plume qui serait mal avisée de porter atteinte à l’unité nationale.

Comme le rappelle Le Monde de ce matin : « Il y a eu un héros de la guerre de libération, des journalistes, des politiques, des militants, des anonymes. Et à présent un écrivain. Depuis plusieurs années, la répression n’épargne aucune âme, ne supporte aucune pensée dissonante en Algérie, surtout quand le régime se sent attaqué. »

Force est de constater que les gesticulations politico-médiatiques dont font part la plupart des grandes statures intellectuelles ne fera en rien reculer la machine à broyer du citoyen. Les médias auraient dû faire du tapage quand des dizaines d’innocents avaient été arrêtés et séquestrés. Faire la sourde oreille a fait mettre le vent en poupe à nos dictateurs.

L’an dernier, suite à l’ISTN (Interdiction de sortie du territoire) de Muhend Taferka, j’avais osé saisir l’Élysée pour lui faire part de nos préoccupations concernant l’arrestation de ce grand homme de culture. Réponse laconique des services concernés : « l’Algérie est un pays souverain, nous ne pouvons-nous mêler de ses affaires internes. » Voilà qui est on ne peut plus clair.

Pendant ce temps François Zimeray (avocat de Boualem Sansal) ose nous faire rêver par une envolée qui ne mérite aucun commentaire supplémentaire : « Je suis sûr qu’un jour viendra où il y aura en Algérie des boulevards et des places qui porteront le nom de Boualem Sansal et de Kamel Daoud. »

Pendant que les égorgeurs de la décennie noire, lavés de leurs crimes, se pavanent dans les rues de la capitale et ailleurs, pendant que la corruption ronge le pays, pendant que des huiles haut placées conduisent le pays vers l’abyme, on accuse les plumes de terrorisme et d’atteinte à l’unité nationale … c’est le monde à l’envers, mais n’est-ce pas le cas depuis notre soi-disant indépendance ? Une indépendance confisquée par une horde de barbares tapis en dehors de nos frontières, faut-il le rappeler !

Kacem Madani

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