Samedi 11 mai 2019
Acte XII : trois messages forts du peuple directement à Gaïd Salah
Le ventre vide et la chaleur qui variait entre 30 et 40°c d’une région à une autre n’ont pas empêché les manifestants pratiquement dans les principales grandes villes du pays de l’Est à l’Ouest jusqu’à l’extrême sud pour revendiquer le départ du système.
Le mouvement est sans le moindre signe d’un essoufflement. Pourtant, c’est sans doute le seul espoir sur lequel avaient compté les tenants du pouvoir en cette 12éme semaine, fortement encouragés par le retour des étudiants dans les bancs de l’universités pour ne pas perdre les acquis de leur année universitaire. Bien au contraire, cette tergiversation à contraint certaines universités de reprendre leur grève la semaine prochaine, jugeant ainsi que les messages n’ont pas été reçu en haut. Un manifestant que la Radio Nationale passe chaque heure disait même : «Oui j’ai soif, mais beaucoup moins fatigué de d’habitude» insinuant ainsi qu’un XIIIème acte et plus ne le gênerait pas du tout.
Mais là n’est certainement pas la question car le peuple algérien est pris en admiration dans le monde entier à aller au bout de ses revendications, n’a étonné personne. Pourtant, les messages qu’il a envoyés directement au général-major, chef des armées sont clairs, nets, précis, déterminés voire même ciblés en la circonstance du moment. L’Analyse de leur slogans dans l’espace et dans le temps pourrait les ramener à trois dont la justesse, le pragmatisme et la légitimé ne peuvent en aucun cas être considérés comme infantiles comme veut le laisser entendre l’autre partie par l’infantilisme ou le manque de sérieux du hashtag « #TATNAHOU GÂA » qu’on tente de présenter comme un caprice populiste irréalisable. Ils sont classés par ordre de priorité décroissante.
1. Premier message : pas d’élection le 04 juillet
Le slogan parle de lui-même «Makach intekhabat ya el Issabat », Il n’y aura pas d’élection la bande. Il s’agit là d’une réponse au général-major, Ahmed Gaid Salah qui, les a traités de la sorte dans ses différents discours. Comment pourrait-il aujourd’hui arriver, comme il le dit à élire un président en toute liberté et transparence avec une équipe installé par une « Issaba », en reprenant son propre terme. Le gouvernement actuel de Bedoui n’a-t-il pas été installé du temps de Bouteflika pour les élections de Bouteflika et l’ensemble du système.
Comment pourrait-il concevoir qu’un système pour se reproduire, et il le précise lui-même, était capable de comploter avec une main étrangère contre les intérêts suprêmes de l’Etat, pourrait il jouir aujourd’hui de la confiance populaire pour une échéance aussi vitale que celle de choisit l’homme providentiel qui sera appelé à changer les choses. Cet ensemble de fissures incohérentes parfois frôle l’incompréhension dans ses discours lui a valu lui-même un « Gaïd Salah dégage », en dépit que les policiers ont tenté d’arracher une banderole qui lui est pleine d’hostilités. Dans l’ensemble du pays, les protestataires se sont contentés de lui lancer un simple avertissement « Gaïd Salah, on vous fait confiance, si vous trahissez la confiance du peuple, vous allez connaitre le même sort que Bouteflika ». « Gaid Salah, vous ne pouvez être contre la volonté du peuple ».
2. Deuxième message : L’Algérie n’est pas l’Egypte
Il est clair que la libération de l’Algérie par l’armée de libération nationale a créé un lien historique entre le peuple et son armée que des circonstances particulières ont perverti en pouvoir qui dure depuis l’indépendance en 1962. En dépit d’une relation en dents de scie, le peuple fait une confiance totale en son armée et de nombreuse études l’ont montré la fertilisation de cette entente a été bien entreprise par les aînés à travers des générations.
En effet, plus de 62% de la génération facebook ont une confiance totale dans l’armée nationale populaire.(ANP) Ce n’est pas une lecture et encore moins une analyse mais une étude qui rentre dans le cadre d’une préoccupation mondiale de sa jeunesse, intitulé « génération what » et financée par l’union européenne. La partie Algérienne a été faite par un sondage sur une population se situant dans une tranche d’âge entre 18-34 ans et conduite par le professeur en sociologie, le brillantissime Belkacem Mostefaoui.(01)
Comme le hasard fait bien les choses, ces résultats ont été publiés quelques jours seulement avant le 22 février, date du déclenchement du mouvement national. Ceci dit, le peuple, après ce qu’il a vécu, n’acceptera jamais que la conduite politique soit menée par des militaires mais les généraux doivent retourner dans leurs casernes pour s’occuper de la sécurité des frontières et des manœuvres militaires.
L’Algérie n’a de leçon à recevoir de personne et notamment dans ce point précis. Elle n’a non plus aucun complexe à faire pour dire tout haut : «Elle a choisi l’institution militaire pour exercer sa souveraineté». Il se trouve que ce choix lui revient de droit. Une fois recouverte, cette souveraineté pourrait être déléguée à des civils lorsque les conditions seront réunies pour une telle passation. Pour le moment, elles ne le sont pas. Donc l’Algérie ne peut en aucun être comparée à l’Egypte, le Soudan et encore moins la Syrie.
3. Troisième message : Nous combattons un fléau social mais pas une hérésie
Le principe du désordre pour arriver à l’ordre est souvent utilisé dans les laboratoires physico chimiques pour obtenir l’équilibre d’une solution. Il se trouve que son application dans la politique et encore plus dans l’économie, n’a pas jusqu’à présent donné des résultats probants à travers l’expérience dans de nombreux pays. Les Algériens, même les plus jeunes d’entre eux connaissent comment a été formé le « système » en Algérie et qui date de près de six décennies. C’est un ordre établi où chacun trouve son compte, une nébuleuse tentaculaire qui ne peut du jour au lendemain disparaître sans le pénétrer en profondeur pour mieux le cerner. Pour cela, on a besoin de calme et de sérénité pour mieux appréhender ce fléau social qui a gangréné le rouage de gouvernance.
Le discours de Gaïd Salah, repris dans une analyse éditorialiste de la revue El Djeich du mercredi 09 mai est anxiogène et certainement préoccupante, a besoin de plus clarté que de précipitation qu’on vit à travers les arrestations qui se produisent ici et là. On laisse entendre qu’un complot que notre élite, civile et militaire, aurait fomenté contre l’armée algérienne en s’appuyant sur une main étrangère. Doit-on comprendre par là que les membres actifs de ce système pourrait aller jusqu’à offrir tout un pays sur un plateau d’argent à une puissance étrangère uniquement pour assouvir un besoin matériel ?
R. R.
Renvois : Voici des sites à visiter pour les détails