Sous le titre générique de Métanoïa, l’artiste plasticien Adel Chargui expose (du 20 au 29 novembre 2022) ses dessins à la galerie Abdellah Mohia de la Maison de la culture. Une trentaine de tableaux aux reliefs étonnants.
L’illustration de la vision créatrice de l’artiste, le tableau qui s’intitule Temple d’émotions qui est une composition de plusieurs personnages à l’intérieur d’un cercueil dans une posture souffrante. « La vision exprime le déséquilibre émotionnel d’une personne », explique son auteur.
Natif de Bouira en 1995, Sid Ahmed Chergui dit Adel qui est diplômé de l’Ecole régionale des beaux-arts de Azazga en 2018 a choisi a technique du dessin au stylo à bille comme mode d’expression et s’inspire de plusieurs tendances artistiques.
Dans son travail de création qui s’apparente au procédé graphique de la gravure, le jeune artiste se limite à l’usage du stylo à bille et du papier Canson, en jouant sur les possibilités évocatrices de la couleur, le noir combiné au jeu de la lumière qu’offrent ces matériaux.
Le style est sobre mais dynamique et plein d’énergie, donnant naissance à un univers peuplé d’étranges personnages aux traits changeants et d’intrigantes situations tenant tantôt de la mythologie grecque tantôt des personnages de l’animation japonaise ou tout simplement de la réalité ordinaire mais projeté dans une autre dimension sous les fulgurances artistiques et des traits aux nuances métaphoriques de Adel Chargui.
Derrière l’imbroglio des combinaisons géométriques, des figures et textures protéiformes qui sortent d’entrelacs de traits hachés-menus à l’encre noire qui se mélangent aux interstices de la lumière blanche du papier Canson, le tout créant l’illusion du clair-obscur, se cache un univers plein de sens.
Un univers glauque et dégoulinant de pessimisme et de tristesse qui se donne à voir à travers une trentaine de planches, une exposition à laquelle il donne le titre générique de « Métanoïa » ( un terme grec composé de la préposition meta (ce qui dépasse, englobe, met au-dessus) et du verbe nous (percevoir, penser), et signifie « changement de vue » ou «changement de regard » qui voit la pensée et l’action se transformer de façon importante, voire décisive.
Au sens religieux, metanoia est synonyme de conversion de repentance.). Une posture que le jeune artiste fait sienne et qui, explique-t-il, est le reflet de sa façon d’appréhender le réel. Un monde qui, selon lui, est pourvoyeur de souffrance. « On souffre tous de quelque chose mais chacun doit se transcender et trouver en lui des ressources pour dépasser ses contraintes », professe le jeune artiste.
Et de reconnaître : « Mes tableaux sont un fragment de moi moi-même (…) J’essaie d’illustrer mes questionnements existentiels à travers mes créations ».
Samia Naït Iqbal