Alors que l’Algérie tente de panser ses fractures identitaires, une organisation parisienne relance le débat en honorant une figure controversée du nationalisme arabe. Derrière le geste symbolique, certains voient une manœuvre idéologique aux relents d’un panarabisme excluant.
Le Centre Zourah d’études et de recherches, une structure peu connue installée à Paris, a récemment créé un prix baptisé « Bouclier Mohammed El-Amine Belghit pour le courage de l’opinion ». Officiellement, l’initiative vise à célébrer la liberté d’expression. Mais la désignation de l’historien auto-proclamé, Mohamed Lamine Belghit comme premier lauréat suscite une vive controverse.
Poursuivi en Algérie pour atteinte à l’unité nationale et incitation à la haine, le négationniste Mohamed Amine Belghit devient, à travers ce prix, une figure honorée et même glorifiée. Une décision perçue comme provocatrice par nombre d’observateurs, qui y voient moins un geste de solidarité qu’un retour en force d’un discours idéologique daté.
Un hommage aux relents de provocation
En décorant un intellectuel aux positions radicales, le Centre Zourah ne se contente pas de soutenir un homme ; il ravive les fondements d’un panarabisme dogmatique, longtemps accusé d’avoir marginalisé les voix amazighes et pluralistes dans le monde maghrébin. Cette idéologie, sous couvert d’unification culturelle, a souvent imposé une lecture unique de l’identité nationale, niant la richesse linguistique et culturelle de sociétés comme l’Algérie.
Le contexte n’est pas anodin. L’Algérie est engagée, depuis plusieurs années, dans un difficile travail de reconnaissance de sa diversité interne. Cette initiative, venue de l’étranger, est une forme d’ingérence et de provocation visant à compromettre les efforts menés pour construire un pacte national plus équilibré et représentatif de toutes ses composantes.
Une institution engagée, mais contestée
Le Centre Zourah, actif principalement via les réseaux sociaux, se donne pour mission de promouvoir la pensée nationaliste arabe et les arts du monde arabe. Il organise des événements culturels, et affirme défendre la liberté d’expression à travers des gestes symboliques comme ce prix. Pourtant, son engagement est critiqué pour son manque de nuance : en exaltant des figures clivantes, il alimente les tensions plus qu’il ne les apaise.
Loin de favoriser un débat serein sur la liberté d’opinion, le prix décerné à Mohamed Amine Belghit apparaît comme un outil de réactivation idéologique. Il projette sur la scène publique un discours centralisateur et exclusif à rebours des aspirations de larges pans de la population algérienne avide de pluralisme, de reconnaissance mutuelle et d’unité dans la diversité.
La rédaction