L’affaire Amira Bouraoui semble tentaculaire si l’on scrute les personnes arrêtées et les chefs d’accusation. A croire qu’on est face à une affaire d’Etat.
Djamel Miassi, le chauffeur du taxi qui aurait conduit la militante Amira Bouraoui en Tunisie est placé à son tour sous mandat de dépôt ainsi que Mountaha Habes, une femme qui avait une boîte d’informatique à Annaba avant de travailler à Fertial d’Asmidal, comme directrice d’audit à Asfertial, filiale de Fertial.
Le chercheur Raouf Farah et son père, Sebti Farah, ainsi qu’un fonctionnaire de la police des frontières (PAF ) ont été également placés, dans la nuit du 19 au 20 février 2023, sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près du tribunal criminel de Constantine (pôle pénal spécialisé).
Quelque temps auparavant, un mandat de dépôt a été décidé à l’encontre du journaliste Mustapha Benjamaa et du cousin d’Amira Bouraoui, Yacine Bentayeb. Quant à Khadidja Bouraoui, elle a été mise sous contrôle judiciaire.
L’activiste Sofiane Berkane est également placé sous contrôle judiciaire. Ils ont tous été transférés, le 18 février 2023, d’Annaba à Constantine. Et ils présentés dans deux dossiers distincts.
Dossier 1: Affaire Amira Bouraoui
Mustapha Bendjama, Khadidja Bouraoui, Yacine Bentayeb, Miassi Djamel (chauffeur du taxi qui aurait transporté Amira Bouraoui depuis Annaba jusqu’à Tunis) et le fonctionnaire de la PAF.
Les chefs d’inculpation retenus contre eux sont : « association de malfaiteurs dans le but de d’exécuter le crime d’immigration clandestine dans le cadre d’une organisation criminelle ».
Un dossier 2 lié à Abderrahmane Semmar
Mustapha Bendjama, Raouf Farrah et son père Sebti Farrah, Habes Mountaha (salariée au sein de la société Asfertrade, filiale du groupe industriel Asmidal) et Sofiane Berkane sont soupçonnés dans ce dossier en lien avec Abdou Semmar.
Les chefs d’inculpation retenus contre eux : participation à la réception de fonds depuis l’étranger pour Sebti Farrah. Réception de fonds depuis l’étranger dans le but d’effectuer des actes attentatoires à l’ordre public » et « publication sur internet d’informations classifiées » pour ce qui est de Mustapha Bendjama, Raouf Farrah, Habes Mountaha et Sofiane Berkane). Y a-t-il réellement des liens entre ces prévenus et Abdou Semmar comme le soutien l’accusation ? Quand on sait comment souvent les détenus d’opinion sont chargés de chefs d’inculpation imaginaires, il y a lieu de rester très prudent.
Toutes les personnes sont placées sous mandat de dépôt sauf Khadidja Bouraoui placée sous contrôle judiciaire et Sofiane Berkane.
Placé sous mandat de dépôt dans les deux dossiers, Mustapha Benjamaa, journaliste et rédacteur en chef du journal Le Provincial, était retenu en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie d’Al Hattab, à Annaba, depuis le 08 février 2023. Et Yacine Bentayeb a été arrêté deux jours après.
Quant à Khadidja Bouraoui, Raouf Farah et son père, ils ont été arrêtés successivement le 12, le 14 et le 16 février 2023.
Âgée de 71 ans et souffrant de maladies cardiaques en raison desquels elle avait été opérée en 2016, Khadidja Bouraoui a été arrêtée à Oued Romane (Alger), son lieu de résidence, et elle a passé une nuit de garde à vue dans les locaux de la brigade de la gendarmerie d’El Achour, Alger, avant d’être transférée le lendemain très tôt le matin à Annaba.
Journaliste universitaire et chercheur, Raouf Farah, a été arrêté le mardi 14 février 2023 chez lui, à son domicile familial, situé à Annaba, par les éléments de la gendarmerie nationale. Son père et sa mère ont été interpellés également puis relâchés, en confisquant leurs téléphones.
Journaliste au média algérien Twala.info et chercheur en géopolitique, Raouf Farah travaille également en tant qu’analyste senior pour la « Global Initiative » (un centre de réflexion mondial sur le crime organisé). Il est installé à Tunis.
Synthèse L.M./Cnld
