Mercredi 2 décembre 2020
Affaire Zineb Redouane (Marseille) : Christophe Castaner visé par une enquête
La fille de Zineb Redouane, décédée fin 2018 à Marseille (Bouches-du-Rhône) après avoir été touchée au visage par une grenade lacrymogène, a porté plainte contre Christophe Castaner devant la Cour de justice de la République (CJR), selon son avocat.
Nouvelle affaire dans le précarré de la Macronie. «La plainte a été envoyée ce jour », a indiqué mardi à l’Agence France-Presse Me Yassine Bouzrou, confirmant une information du quotidien Le Monde. Elle vise l’ancien ministre de l’Intérieur pour « altération et soustraction de preuves » et met en cause des déclarations de Christophe Castaner sur l’affaire, qui auraient été un moyen d’« entraver la manifestation de la vérité », selon la plaignante.
Son avocat reproche notamment à Christophe Castaner d’avoir parlé à plusieurs reprises de «choc opératoire » pour expliquer le décès de la victime, et disculper ainsi d’emblée le tir de grenade lacrymogène par un policier. Il soupçonne aussi l’ex-ministre de s’être concerté en ce sens avec le procureur de Marseille à l’époque, Xavier Tarabeux. La plaignante accuse également Christophe Castaner d’avoir «donné directement l’ordre de ne pas saisir le lance-grenades» utilisé par le policier ce jour-là.
«Je n’ai pas beaucoup d’inquiétude »
«Je n’ai jamais eu aucun échange avec le procureur » de Marseille, «tout ça est un pur fantasme d’avocat », a réagi l’ancien ministre mardi soir sur la radio RTL. «En aucun cas ces accusations ne sont fondées. En aucun cas je n’ai cherché à étouffer l’affaire, en aucun cas je n’ai donné aucune instruction, ni en amont, ni au moment des faits, ni après. » « L’expertise médicale a parlé de choc opératoire », « je n’ai pas beaucoup d’inquiétude » par rapport à la plainte. « Tout ça relève de la pure invention, mais je le regrette, car je pense à cette dame », a poursuivi Christophe Castaner.
L’octogénaire est décédée le 2 décembre 2018 à l’hôpital, 24 heures après avoir été touchée de plein fouet par une grenade lacrymogène tirée par la police, tandis qu’elle fermait une fenêtre de son appartement dans le centre-ville, où des manifestations se déroulaient.
Un rapport d’expertise remis dans le cadre de l’information judiciaire, dépaysée à Lyon et qui n’a donné lieu à aucune mise en cause pour l’instant, a conclu que le tir policier avait été effectué dans les règles en cloche et avait atteint la victime accidentellement. Une contre-expertise indépendante, publiée cette semaine, conclut au contraire à un tir tendu, pratique interdite face à un immeuble d’habitation.