Mercredi 31 mars 2021
Aït Farida : une voix douce et généreuse
Voilà une artiste accomplie, à la voix chaude et généreuse, tombée dans les abysses de l’oubli. Bien qu’ayant interprété de nombreux succès en duo avec la plupart des chanteurs de son époque, Aït Farida fait partie de ces chanteurs et chanteuses méconnus de la jeune génération.
On a beau chercher des éléments de biographie la concernant, on en trouve pas ! L’unique hommage qui lui a été rendu, et que nous avons pu retrouver, est celui de la Dépêche de Kabylie, daté du 04 décembre 2011. C’est à partir de cet article que nous avons rédigé les quelques lignes ci-après (*).
Une époque qui remonte aux années 1940.
En accompagnement, elle a collaborée soit en chœur solitaire ou en chorale groupée avec d’autres voix, comme celle de Hnifa, Lǧida tamweqṛant, entre autres, et où les âges se sont harmonieusement mêlés. Sans oublier l’inclassable duo avec Ahcène Mezani avec lequel elle interprétât « F’hem iman ik » (**).
Aït Farida a également chanté ses propres textes. Parmi ses chansons les plus connues, et qui demeurent encore très écoutées, citons « A yellis n lɣeṛba », « Yura-yi-d tabraţ », « Ay uzyin » « gwassmi k-zriɣ », « Yeǧa-yi, Dayen dayen », et le fabuleux « A yemma tin ɛzizen ». Un titre qui ne prend pas une ride, et que nous vous retranscrivons avec la traduction et la piste audio.
Elle a aussi interprété la version originale de « A vu lehmum », récemment reprise et recomposée par Ali Amran. La musique de « A yemma tin ɛzizen » a était utilisée par Belaïd Tagrawla dans son titre « Imawlen ». Comme quoi, bien qu’elle soit tombée dans les oubliettes, elle représente toujours une source d’inspiration pour nos jeunes talents.
Avec sa voix amplifiée et combinée à un écho technique habilement introduit (il était à la mode en ces temps-là) son écoute vous envahit d’une douceur délicate, tant elle ne transpire que finesse et grâce.
Ait Farida a excellé dans toutes ses productions. Peu ou mal connue du public de la génération passée (probablement oubliée même) et pas du tout connue du public actuel, Ait Farida ne s’est presque pas produite sur scène, comme à l’enregistrement, depuis l’indépendance.
Amraoui Missoum, encore ce ténor de la composition orchestrale, lui a été d’un précieux apport par des constructions musicales de haute facture. Nous ignorons, pour l’essentiel, les paroliers auteurs de quelques-uns de ses textes. Mais Aït Farida en a certainement produit elle-même.
Elle a également été danseuse hors du commun, témoignent les rares personnes qui l’ont côtoyée. Les ballets, disent-ils, l’annonçaient en première ligne sur les affiches, comme pour une invitation de marque qui suscite l’enthousiasme.
Il est à déplorer que son œuvre ne soit pas (encore) remasterisée, car certains de ses titres manquent de qualité sonore, et sont quasiment inaudibles.
A yemma tin ɛzizen
A yemma tin ɛzizen
D kemini ay ḥemlaɣ
Alla Rebbi ikem yifen
D l’muḥal akem farqaɣ
Feli it ɛemṛad uḍḍan
T’erwiḍ lamḥen t’erwiḍ lamḥan
Tewɛaṛ daɛwassu imawlen
Adelbeɣ laɛfu inem
Dkemini iderraban
Dayan yellan dayen yellan
Ur teǧi ḍ l’ḥaǧa yelhan
Zhun wussan zhun wussan
Oh ma chère maman
Oh ma chère maman
C’est toi que j’aime tant
Seul Dieu est plus grand
Jamais je ne te quitterai
De moi tes nuits sont chargées
Combien de souffrances tu as porté
Dure est la malédiction des parents
Je ne prie que pour ton pardon
C’est toi seule qui m’a élevée
C’est la vérité c’est la vérité
Tu m’as comblée de bienfaits
De jours heureux tu m’as enchantée
K.M.
(*)https://www.depechedekabylie.com/culture/102717-ait-farida-la-partenaire-des-duos-musicaux/
(**)https://lematindalgerie.comahcene-mezani-et-ait-farida-f-hem-iman-ik-lechange-bouleversant