La convocation, le 27 août, du chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger par le ministère algérien des Affaires étrangères marque un nouveau palier dans les tensions diplomatiques entre les deux pays. Décidément, les nerfs des dirigeants sont à bout !
Le geste, rarement utilisé à ce niveau, répond à un communiqué de la représentation française jugé « inacceptable » par Alger, tant par sa forme – en s’adressant directement à l’opinion publique algérienne – que par son contenu, perçu comme un renversement des responsabilités.
Au cœur du différend : la question de l’accréditation des diplomates et consuls. Alger affirme que la France a elle-même ouvert la crise en refusant, depuis plus de deux ans, l’agrément de plusieurs représentants algériens. Trois consuls généraux, six consuls et quarante-six agents diplomatiques et consulaires n’ont toujours pas reçu leurs accréditations malgré des demandes introduites depuis plus de six mois. Une situation qui, selon Alger, affecte directement la qualité des services et de la protection consulaire offerts aux ressortissants algériens en France. En même, eu égard à l’importante présence de l’immigration algérienne, l’Algérie entretient un réseau de 18 consulats sur le territoire français.
La réponse algérienne insiste sur le principe de réciprocité stricte. Le refus d’accréditation opposé à des diplomates français n’est, selon Alger, qu’une conséquence de la politique de blocage menée par Paris. En rappelant que la convention de Vienne de 1961 interdit toute instrumentalisation politique des procédures diplomatiques, le ministère des Affaires étrangères dénonce une manœuvre délibérée, « préméditée » et contraire aux usages établis.
Le différend dépasse toutefois le seul registre technique des accréditations. Alger établit un lien direct avec le dossier des visas, qualifié d’« instrument de chantage » utilisé par la France dans le cadre d’une politique de « poigne de fer » à l’égard de l’Algérie. Et disons-le franchement, l’Algérie utilise le refus d’accueillir les Algériens sous OQTF que la France tente d’expulser depuis des mois. A chacun ses moyens de pression.
La décision d’Alger, en 2023, de mettre fin à l’accord bilatéral de 2013 exemptant de visas les détenteurs de passeports diplomatiques et de mission avait déjà constitué un tournant. Aujourd’hui, l’Algérie accuse Paris d’ouvrir une « seconde phase » de pression visant cette fois les titulaires de passeports ordinaires.
En toile de fond, cette escalade révèle la persistance d’un climat de méfiance et de rapport de force qui fragilise la relation bilatérale. Loin des tentatives de réconciliation ponctuelles entre chefs d’État, la dynamique actuelle illustre le poids des contentieux accumulés depuis plusieurs années : mémoriels, migratoires et désormais diplomatiques. Au final, que reste-t-il des relations entre les deux pays ? Et jusqu’à quel point cette crise ira-t-elle ?
Samia Naït Iqbal
Et sinon le gouvernement Tebboune trouve t’il acceptable le refus systématique de reprendre les OQTF expulsés de France