14 avril 2025
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Algérie 2025 : l’année du succès économique ? Il fallait bien une promesse de plus

Le pouvoir nous a donné rendez-vous, une fois de plus, avec ses illusions. Ce dimanche 13 avril, dans les salons bien décorés du Centre international des conférences d’Alger, le chef de l’État a convoqué les patrons autour d’un slogan qui sonne comme un aveu : “Algérie 2025, l’année du succès économique”. Il fallait bien un thème, un décor, un public acquis et quelques caméras pour faire croire qu’une vision existe, qu’un cap est tenu, qu’un pays avance.

Mais au-delà du discours, que reste-t-il ? Des chiffres projetés dans le vide, des injonctions sans base juridique, des proclamations creuses sur la transparence, et un chef de l’État qui, pour la énième fois, s’érige en arbitre du marché tout en répétant qu’il faut libérer l’économie. Un paradoxe de plus dans un système bâti sur le double langage.

L’objectif affiché d’un PIB à 400 milliards de dollars d’ici 2027 prête à sourire dans les cercles sérieux. Qui peut y croire dans un pays où la planification est inexistante, où la bureaucratie étouffe l’initiative, et où la justice reste instrumentalisée pour neutraliser les adversaires, pas pour protéger les investisseurs ?

La suppression d’ALGEX est annoncée comme une victoire. Mais la question n’est pas de supprimer des sigles : c’est de mettre fin à une logique, celle d’un État-providence rentier qui choisit ses gagnants, distribue le foncier selon l’allégeance, bloque les jeunes entrepreneurs tout en prétendant les soutenir.

Ce système-là n’a pas besoin de réformes cosmétiques. Il a besoin d’être profondément repensé, repurifié de ses logiques rentières et autoritaires. En d’autres termes, il a besoin d’un changement de nature, d’une refonte radicale de ses fondements.

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Le discours de Tebboune n’est pas un programme économique : c’est une opération de communication politique. Il parle de “nouveau climat des affaires” mais dans le même souffle fustige ceux qui “craignent la prison”. Il parle de transparence, mais défend les bilans d’un pouvoir opaque, incapable de publier ses dépenses en devises ou de justifier les milliards envolés dans des projets sans retour. Il appelle les patrons à “créer leurs banques”, pendant que l’État garde le monopole de la devise, du foncier, des importations et des marchés publics.

Rien n’a changé, sinon le vocabulaire. Le pouvoir fait mine de s’ouvrir, mais continue d’exclure. Il parle de start-ups pour maquiller un capitalisme de connivence. Il évoque la jeunesse pendant qu’il la pousse à fuir. Il prétend soutenir la production nationale, mais refuse de créer les conditions d’un véritable marché libre, transparent, encadré par un droit stable.

Et surtout, il parle d’émergence tout en refusant l’alternance. Car l’émergence d’un pays ne se décrète pas dans un salon climatisé, elle s’organise dans la rue, dans l’école, dans l’usine, dans les urnes. Il ne peut y avoir d’économie forte sans institutions légitimes, sans justice indépendante, sans presse libre, sans partis politiques réellement autorisés à exister et à débattre.

Cette rencontre du CIC n’était pas une rencontre économique : c’était un moment de propagande, une tentative de reconquête symbolique à la veille d’échéances politiques que le pouvoir sait déjà illégitimes.

2025 ne sera pas l’année du succès économique tant que l’Algérie sera gouvernée par la peur, l’opacité et le mépris des contre-pouvoirs. L’Algérie émergera le jour où son peuple sera libre de choisir ses représentants, où ses ressources ne seront plus captives d’une caste, et où l’économie cessera d’être un terrain de répartition des privilèges.

Alors oui, l’Algérie a besoin de succès. Mais ce succès ne viendra pas des discours : il viendra de la rupture.

Mais après tout, pourquoi pas ? Si l’on a pu bâtir une “nouvelle Algérie” avec des affiches, on peut bien réussir “l’année du succès économique” avec un slogan. Ce pouvoir a prouvé qu’on pouvait construire sans fondations, exporter sans produire, et croire sans voir. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

Mohcine Belabbas

Tribune publiée ce dimanche sur la page de cet homme politique.

3 Commentaires

  1. Quand le PIB du Bade Wurtemberg est de 362 milliards de dollars, et ce n’est nullement la région la plus riche d’Allemagne. Le PIB de l’île de France est de 765 milliards, et l’Algérie avec des gisements de toutes sortes fait à peine 200 milliards et se fixe comme objectif de faire le double !!!!
    Qui croira encore à cette dahdouha économique?
    Eregda wa tmangi et sonatrach finance.
    Quand on sait que les barbus tiennent le marché informel,.et qu’ils sont les alliés objectifs du pouvoir, donc c’est comme pisser dans le sable.

  2. Avec un prix du pétrole et du gaz qui va être bas pendant des années à cause de Drill baby drill de Trump, de plus une baisse des PIB à cause des négociations sur les taxes et enfin la valeur du dollar qui restera bas face aux principales monnaies dont l’€ ! La junte aura beaucoup de mal à ‘augmenter ses revenus ! En conséquence, encore du pipeau pour un pouvoir qui se sent le nombril du monde et qui ne s’intéresse nullement au contexte international !

  3. Depuis 1962, la stratégie du pouvoir (colonels et généraux) ne vise qu’un objectif : la création puis l’entretien d’une économie de pénurie, seul moyen de garder le controle sur la population. Des gens qui courrent pour leur survie ne sont pas enclinet à se révolter. Des gens à qui on lache quelques miettes de temps en temps sont toujours encleint à être reconnaissant à ceux qui créent l’économie de pénurie. 63 ans après l’indépendance, le pays dépends toujours des hydrocarbures. Nous étions un peuple d’artisans, d’agriculteurs, d’ingénieurs, de médecins, de batisseurs, d’enseignants mais ils ont réussi à créer les conditions pour que les algériens finissent par être persuadés qu’ils sont incapables de quoique ce soit, qu’ils n’aiment pas le travail et moins encore le travail bien fait. Ils ont réussi à nous convaincre que nous étions un peuple de fainéants et de nuls. Il leur a suffi de placer à tous les échelons de l’Etat et de l’armée des faineants et des médiocres qui ont ramené à leur niveau un peuple de génies. Tant que les généraux sont au pouvoir, il ne faudra pas rêver de développement : le développement d’une économie saine est en contradiction avec l’objectif sournois des généraux : maintenir les algériens dans le manque et la pénurie

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