21 novembre 2024
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Algérie des cent dollars, Algérie des sans illusions ?

Pétrole

A chaque fois que l’on fait de l’Etat ou d’une petite élite, riche et puissante et non de la société toute entière, le principal acteur du développement, on suscite l’apathie générale du corps social et les citoyens se détournent  des structures sociales et politiques organisées.

Etant propriétaire des gisements pétroliers et gaziers, l’Etat a donc le droit de s’approprier la rente qui la conforte dans la gestion de l’économie et de  la société. Cependant, la rente versée à l’Etat a la particularité d’être exogène c’est à dire que sa provenance et sa croissance ne sont pas liées au développement du pays mais dépendent des facteurs externes. L’un des paradoxes de l’économie algérienne est d’être fondé sur une richesse  dont l’existence renforce à terme les capacités de financement en même temps qu’elle introduit un élément de fragilité.

Il suffit d’une baisse des prix de référence ou des réserves à un moment inopportun pour le développement de son économie menaçant la pérennité de son principal moyen d’existence  pour provoquer de graves déséquilibres  économiques, politiques voire sociaux. De plus, il suffit de considérer les graves dysfonctionnements dont souffre actuellement l’Algérie pour se persuader qu’une forte croissance de revenu en devises ne mène pas nécessairement au développement économique mais bel et bien au sous-développement, à la corruption des mœurs, à l’indigence des populations.

La précarité de l’Etat est telle que tout développement autocentré qui dépasse les exigences de profit des élites au pouvoir est généralement perçue par celle-ci comme un manque à gagner ou une menace. Ce qui compte avant tout, c’est le maintien du statu quo, même si à long terme cette situation engendre les germes de sa propre destruction ou liquidation. Une économie rentière convient parfaitement aux régimes monarchiques et aux dictatures militaires.

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 Par contre elle est un obstacle infranchissable à l’instauration d’une Etat civil démocratique moderne et la promotion d’une économie capitaliste autochtone affranchie du système mondial dominant et des pesanteurs sociologiques du passé immédiat et lointain des sociétés respectives (clanisme, tribalisme, fatalisme).

Le prix élevé du pétrole a structurellement pour effet pervers de perpétuer à l’infini le système mis en place. Il a fait le bonheur de la génération de novembre toutes sensibilités confondues et le malheur de la génération de l’indépendance qui n’a pas participé à la guerre de libération. L’indépendance est un butin de guerre et non une responsabilité à assumer.

La population est perçue par les dirigeants comme une charge financière à supporter par le budget de l’Etat (dépenses publiques) et non une ressource humaine à mobiliser pour financer le budget de l’Etat (recettes fiscales). 

Les jeunes dénoncent la dilapidation des ressources vitales à leur survie aux cris « tous des pourris », la réponse fût vite trouvée « tous pour rien », c’est la faute au système. Exclus du bénéfice de la rente et conscients de sa malédiction.

Des jeunes qui veulent gagner leur vie à la sueur de leurs fronts et non à la souplesse de leurs échines. Ils savent que c’est avec des mains sales que l’on fait de l’argent propre. Et cela n’arrange pas les affaires de leurs aînés qui sont pour le système ce que les poissons sont pour l’eau. Le système fait de la résistance mais il finira par céder. 

C’est un système opaque, injuste et improductif qui n’a de compte à rendre à personne, même pas à lui-même. Un système que les élites n’arrivent pas à le maintenir en érection malgré tous les efforts déployés par les uns et les autres. Un système conçu à l’ombre de la guerre de libération et mis en pratique par les hommes sortis de l’ombre pour faire de l’ombre à la démocratie et au développement.

Le prix élevé du pétrole a structurellement pour effet pervers de perpétuer à l’infini le système mis en place. Un système gouverné par des élites occupées à leur plan de carrière et attachés à leurs privilèges du moment. 

Un système qui place «l’avoir » au-dessus « l’être ». Trop peu de gens n’ont pas de cadavres dans leurs placards. Tôt ou tard notre passé nous rattrape et on payera la facture cash et avec intérêts Les hommes sont pour le système ce que la nourriture est pour l’organisme ; « ça rentre propre et ça sort sale’. Tout comme l’organisme le pouvoir est corrupteur. 

L’Algérie vit de l’argent du pétrole et du gaz et de rien d’autre. « Jamais, il n’a été aussi facile de gouverner qu’aujourd’hui. Autrefois, il fallait chercher avec finesse par quelle monnaie on devait marchander les gens ; aujourd’hui tout le monde veut de l’argent » Alphonse Karr.  

Dr A. Boumezrag  

2 Commentaires

  1. Même à 500$ le baril le problème restera le même ; l’algérie restera au même point.
    Voyez vous le problème ce n’est pas l’algérie (donnez la moi j’en ferai un paradis !!!!) le problème c’est les algériens.
    C’est grave et insultants ; mais c’est la triste réalité

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