Entre le 10 et le 16 décembre, l’armée nationale populaire a multiplié les opérations à travers le territoire national, avec un bilan qui illustre l’ampleur des défis sécuritaires auxquels le pays est confronté.
Selon le communiqué du ministère de la Défense nationale, dix individus impliqués dans le soutien aux groupes terroristes ont été arrêtés, tandis que 38 trafiquants de drogue ont été interpellés au cours d’opérations coordonnées avec différentes branches de la sécurité.
Si ces chiffres paraissent spectaculaires, ils traduisent surtout la persistance de réseaux organisés qui profitent de la porosité des frontières et de la demande interne en stupéfiants. La saisie de 4 quintaux et 92 kilogrammes de kif traité, accompagnée d’un million seize mille sept cent soixante-douze comprimés psychotropes, souligne l’ampleur du trafic de drogues et l’ingéniosité des trafiquants pour contourner les dispositifs de contrôle. La criminalité organisée ne se limite d’ailleurs pas à la drogue : 19 tonnes de denrées alimentaires et 48 quintaux de tabac destinés à la contrebande ont également été saisis, révélant l’existence de circuits parallèles alimentant des pratiques de spéculation et de marché noir.
Le bilan opérationnel montre par ailleurs la sophistication des pratiques illégales. L’armée et les forces de sécurité ont saisi des générateurs électriques, des marteaux-pilons, des détecteurs de métaux et des quantités de mélange brut d’or et de pierres, signe d’une exploitation artisanale mais organisée de ressources minières. Treize individus ont été arrêtés en possession d’armes à feu, allant de fusils d’assaut de type Kalachnikov à des pistolets automatiques et des fusils de chasse, ce qui souligne les risques sécuritaires liés à l’armement diffusé sur le territoire.
Le volet migratoire n’est pas en reste. Les gardes-côtes ont empêché des tentatives de migration irrégulière, secourant 246 personnes sur des embarcations de fortune. Parallèlement, 313 migrants illégaux de différentes nationalités ont été arrêtés sur le territoire national. Cette dimension rappelle que les enjeux sécuritaires ne se limitent pas aux menaces internes, mais s’inscrivent dans un contexte régional complexe, où les flux humains et matériels se croisent et alimentent parfois des réseaux criminels transfrontaliers.
Ce bilan hebdomadaire révèle une double réalité : d’une part, l’efficacité des opérations militaires et de sécurité qui permettent de démanteler des réseaux et de saisir des quantités importantes de drogues, de tabac et d’armes ; d’autre part, la persistance d’une criminalité organisée structurée, capable de contourner les contrôles et de maintenir son activité malgré la surveillance. Si les chiffres communiqués par le ministère témoignent d’une capacité de réponse, ils doivent aussi inciter à s’interroger sur les causes profondes de ces trafics et sur les politiques de prévention et de contrôle mises en œuvre dans le pays.
En définitive, cette semaine illustre à la fois la vigilance nécessaire des forces de sécurité et l’ampleur des défis que l’Algérie doit encore relever, entre terrorisme, criminalité organisée et pressions migratoires.
Mourad Benyahia

