Samedi 12 décembre 2020
Algérie : et vogue la galère ! …
Celui qui a fait naufrage tremble devant des flots tranquilles », Ovide.
Au lendemain de l’indépendance, l’Algérie a été décapitée par les forces coloniales. Un système néo-colonial de domination est né. Les intellectuels dépendent du pouvoir pour survivre.
Au lieu de constituer l’âme de la société, ils vont dépendre des ponctions sur la rente. Leur réussite se mesure par leur capacité à bénéficier de privilèges grâce à leurs positions hiérarchiques. Ces positions leur permettant de renoncer à leur fonction critique. C’est l’allégeance et la vassalité. Lorsque de telles relations envahissent l’ensemble des espaces, le pouvoir distributif devient le régulateur exclusif de la société.
La nationalisation du pétrole et du gaz et la hausse du prix du baril de pétrole vont faire des ressources en hydrocarbures la principale source de revenu en devises du pays. C’est ainsi que la rente pétrolière et gazière va rendre le pouvoir de plus en plus attractif. C’est donc l’Etat qui va contrôler la quasi-totalité des ressources de la nation.
En absence d’une démocratie en Algérie, l’enjeu politique ne sera plus la croissance économique et le plein emploi des facteurs de production de biens et services mais la répartition de la rente pétrolière et gazière à des fins de légitimation du pouvoir.
La rente va alors irriguer tous les réseaux du système, et chaque réseau sera évalué et rémunéré en fonction de sa contribution à la stabilité du système.
Ainsi, par ce mode de redistribution arbitraire et irrationnel des ressources nationales, l’Etat imposera une déresponsabilisation en profondeur, du sommet à la base, et de la base au sommet, à l’ensemble des acteurs économiques et sociaux, qui adoptent alors, sous l’effet de la pression sociale, l’idéologie du système c’est-à-dire « la politique du ventre ».
C’est dans ce contexte que nos enfants naissent et grandissent dans un climat de corruption qui fausse leur conscience dès leur jeune âge en leur faisant croire que le succès dans la vie s’obtient non pas par les études et le travail honnête mais par la tromperie et le vol.
Cette Algérie du ventre est devenue au fil des années un pays corrompu, inégalitaire, faite de misère, de désarroi et de désespoir où règnent à ciel ouvert l’arbitraire et la médiocrité.
Un pays pauvre où la population s’enfonce dans la souffrance physique et mentale tandis que l’élite politique se gave de produits de luxe importés.
Dans une société gangrenée par la corruption, les personnes non corrompues se trouvent paralysées car elles n’ont plus d’horizon pour agir, plus d’espace de confiance, plus de motivations pour se former, travailler, produire ou pour investir. «Réfléchir sans pouvoir agir revient à chauffer une pièce en laissant portes et fenêtres ouvertes».