16 avril 2024
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Algérie-France : tensions récurrentes et realpolitik

Drapeau Algérie France

Comme dans un vieux couple uni pour le meilleur et pour le pire, les relations entre la France et l’Algérie  ont souvent pris des contours dramatiques et passionnels. On se boude, on se déchire puis on finit  par trouver des raisons pour dissiper les malentendus et se rapprocher de nouveau. 

Les turbulences vécues  ces deux  dernières années  entre  l’hexagone et son ex-colonie sous l’air du duo Macron-Tebboune sont l’illustration parfaite de ces joutes exécutées sur le mode  de « je t’aime et moi non plus ».

A chaque fois on frise le divorce, mais on puise dans la realpolitik les motifs  de la conciliation pour  éviter la rupture définitive des relations diplomatiques.

C’est du moins le sens à saisir de la dernière correspondance téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdemadjid Tebboune affirmant leur volonté de tourner la page et de travailler ensemble pour  renforcer et améliorer la coopération entre les deux pays.

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Ce dégel des relations entre les deux pays est intervenu après la récente brouille qui est consécutive à l’exfiltration de la ressortissante algéro-française et militante Amira Bouraoui, par les services consulaires français à partir de la Tunisie vers la France.

« L’entretien téléphonique a dissipé beaucoup de confusion concernant cette question et la rupture qui en a résulté dans les relations bilatérales», a précisé le communiqué de la présidence de la République algérienne qui fait part du retour prochain de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et dissipe le doute sur la visite programmée pour le mois de mai prochain de Tebboune en France.

Ce nouveau rapprochement qui met ainsi fin  au cycle de la crise entamé au début   du mois de février de l’année en cours survient après la brouille diplomatique du mois d’octobre 2021.

On se souvient  que les propos du  président Emmanuel Macron rapportés par le quotidien Le Monde avaient déclenché une véritable tempête dans le ciel des relations franco-algeriennes.

Selon le quotidien parisien  du soir, le président  français accusait le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d’indépendance et de la France, ancienne puissance coloniale. Macron s’était également interrogé sur l’existence d’une « nation algérienne » avant la colonisation française, a encore rapporté Le Monde.

Les propos  tenus par Emmanuel Macron à un moment où Paris avait lancé des initiatives pour apaiser les tensions autour de la question mémorielle ont suscité les vives protestations des autorités algériennes qui avaient décidé de rappeler l’ambassadeur d’Algérie à Paris. Une décision assortie de l’interdiction du survol du territoire algérien par les avions militaires français pour rallier le Sahel.

Paris avait déployé des trésors d’efforts diplomatiques pour désamorcer la crise   et ramener la sérénité  dans les rapports entre les deux pays. Ce qui s’est soldé, quelques mois après,  par la visite du président  français en Algérie qui, au préalable, avait exprimé  ses « regrets » devant la polémique engendrée par ses déclarations et s’est dit « fortement attaché au développement » des relations bilatérales.

Celles-ci souffrent déjà  du litige autour de la réduction du nombre de visas accordés aux algériens. Une mesure prise par Paris pour obliger Alger à délivrer les autorisations  consulaires aux ressortissants algériens qui font l’objet d’obligation de quitter le territoire français (OQTF)  pour séjour irrégulier.

Déjà en 2005, elles (les relations bilatérales) avaient connu une  crise aigüe, suite à la loi adoptée par le Parlement français reconnaissant « le rôle positif de la colonisation ».

Les questions liées à la mémoire et l’histoire ont toujours alimenté suspicion, polémique et divergence entre les deux pays qui ont vécu au rythme d’une succession de crises qui  finissent toujours par se résorber. Juste le temps de voir une autre poindre à l’horizon car les contentieux sont nombreux et les intérêts importants et divergents. C’est dire qu’entre  la France et l’Algérie, les brouilles sont  récurrentes mais le divorce est impossible.

Samia Naït Iqbal

3 Commentaires

  1. Vous parlez d’extradition dans un pays autre que l’Algérie . Mme Bouraoui étant citoyenne française aurait pu avoir la protection consulaire dans toute ambassade de l’UE en Tunisie.
    Étant donné que l’opinion d’une personne n’est pas un crime en France, l’extradition de Mme Bouraoui d’Algérie aurait pu être faisable selon le droit français /
    La double nationalité d’un individu est une véritable embrouille pour tout pays et surtout pour la junte algérienne

  2. J ‘ aurai fait la même chose que MADAME BOURAOUI qui n ‘ avait pas d ‘ autre choix que de s ‘ exiler . Pensez donc elle ne pouvait même pas travailler en tant que médecin gynécologue en Algérie et ce depuis 2014 en plus des ses autres tracasseries pour ne pas dire autre chose . Le problème est de bien choisir son pays de transit dans ces situations car il y a des pouvoirs qui n ‘ hésitent pas à extrader non pas en respect des droits de l ‘ homme , mais en fonction de leurs seuls sordides intérêts car leurs services de renseignement coopèrent entre eux et veillent à ce que les opposants n ‘ activent dans leur pays contre leurs alliés et complices . .

  3. Peut on construire une relation « d’état à état » valable quand, tous les 6 mois, l’un ou l’autre des chefs d’État se fâche ? Quand ce n’est pas les deux en même temps.

    Si vraiment l’Algérie et la France avaient de réels intérêts communs et importants, le cas Bouraoui n’aurait pas été monté en épingle comme il l’a été. Mais, pour certains, c’était une occasion inattendue (une de plus) de fustiger le gouvernement français et Macron. Et les internautes d’ici et d’ailleurs ne s’en ont pas privé.

    Une observation attentive des contributions de nos grands penseurs journalistes de nos « médias libres » prouve, qu’en définitive , la France et les français ne servent que d’échappatoire permettant ainsi d’exclure du débat citoyen les nombreux sujets vitaux pour le futur de notre nation.

    La vieille ficelle de l’ennemi de l’intérieur/extérieur, qui engendre une impossibilité de débattre librement en Algérie, voulu par le pouvoir, a encore de beaux jours devant elle.
    Une relation durable et constructive avec la France et particulièrement avec le peuple français était possible en son temps. Maintenant, il est trop tard.
    Chaque pays a pris des directions divergentes. Nous avons bâti notre destinée sur la religion, le pétrole/gaz, le culte du passé et le profond sentiment que c’est la France qui est la cause de nos problèmes. En outre le système démocratique qui aurait été un facteur d’évolution et de concorde avec le monde européen n’a jamais pu s’implanter.

    Les français se sont engagés dans la construction d’une entité économique qui est l’UE et qui a concouru à leur procurer un niveau de vie appréciable dans un cadre démocratique que nous ne connaissons pas. A vrai dire il semble qu’il y ait un désintérêt total de leur part pour tout ce qui a trait à l’Algérie. Leur préoccupation première étant la présence des « sans papier » dans leur sphère de vie, d’où il découle un racisme sournois et une islamophobie latente.

    Le seul point de rencontre de nos deux nations est la communauté algérienne qui vit, travaille et étudie en France. Sans elle, nombre secteurs de l’économie française auraient des problèmes. C’est le seul lien positif qui relie les deux nations. Et malheureusement dans le discours public français ce lien est sous estimé pour ne pas dire nier.

    Quand De Gaule et Adenauer ont décidé de faire la paix entre la France et l’Allemagne après plus de trois siècles de massacres, de guerres, de crimes, de destructions, d’insultes, de millions de morts … et qu’il existait une haine viscérale entre les peuples allemands et français, ils ont su, malgré cela, construire un véritable pont entre leurs nations respectives. Et pour ce faire ils ont tablé sur la jeunesse. Ce qui n’a pas été réalisé entre la France et l’Algérie au moment de notre indépendance. En 1963, instituteur dans une classe de CM2, j’avais à l’époque projeté de mettre en place une correspondance scolaire avec une classe d’une petite ville de la région parisienne. Projet immédiatement interdit par la hiérarchie avec accusation de néo colonialisme!

    Moralité: Nous resterons des ennemis pour l’éternité et contrairement à ce qui est affirmé le divorce entre nos deux peuples est consommé depuis longtemps. Reste qu’on ait le courage de le rendre publique et de l’assumer. Et qu’on ne parle plus de la France mais que nous nous concentrions sur nos propres problèmes et le devenir de notre pays…

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