Le ministère algérien de l’Enseignement supérieur a pris une nouvelle mesure dans le cadre de la généralisation de l’enseignement en anglais, à la place du français.
Après avoir lancé, durant l’année universitaire en cours, l’introduction de la langue de Shakespeare à l’université, tout en se focalisant sur la formation des enseignants, ce département a décidé de passer à sa généralisation dès la rentrée universitaire 2025-2026.
Dans une note adressée, fin mars dernier, aux recteurs des établissements universitaires et aux doyens des facultés de médecine et de pharmacie, selon l’agence turque Anadalu (dépêche diffusée le 06 avril 2025 et mise à jour le 07 avril 2025), la direction générale de l’enseignement et de la formation au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur les invite « à prendre toutes les dispositions afin de garantir le passage à l’enseignement en anglais ».
Selon le document, le passage à l’anglais, qui remplacera ainsi le français, devra se faire suivant une « approche progressive » en fonction du nombre d’enseignants qui auront bénéficié d’une formation et qui ont acquis le niveau B2 ou C1 dans cette langue.
Depuis l’indépendance du pays, rappelons-le, l’enseignement de la médecine se faisait exclusivement en français.
Selon la note, « les formations dispensées devront couvrir tous les critères pédagogiques prévus dans les programmes d’enseignement de la première année universitaire en sciences médicales (médecine, chirurgie dentaire et pharmacie) au titre de l’année universitaire 2025-2026».
Parallèlement, les responsables des facultés sont instruits de veiller au suivi de la formation afin de couvrir tous les modules d’enseignement.
Le ministère a aussi instruit les recteurs et les doyens de dresser des bilans et d’informer la tutelle des dispositions prises, et ce, au plus tard le 17 avril courant.
Le ministère algérien n’a pas communiqué le nombre d’enseignants formés qui devraient être mobilisés pour assurer cette transition du français vers l’anglais.
L’Algérie a décidé, rappelons-le, d’introduire l’enseignement de l’anglais dans le cycle primaire, comme deuxième langue étrangère. L’objectif de la démarche, tel qu’annoncé par les autorités algériennes, « est de permettre à l’école algérienne de s’ouvrir sur le monde, d’autant que la majorité de la production scientifique se fait en anglais ». Mais la décision a des arrière-pensées beaucoup plus idéologiques.
En effet, cette décision suscite de nombreuses interrogations quant à sa mise en œuvre effective. Le manque de communication sur le nombre réel d’enseignants qualifiés, l’échéance très proche de la rentrée 2025-2026, et l’absence apparente d’un plan de transition détaillé soulignent un caractère précipité de la réforme. Cette démarche, qui, visiblement, obéit à des motivations politico-idéologiques rentrant dans le cadre du règlement de compte géopolitique avec la France, semble insuffisamment planifiée sur le plan pédagogique, risquant ainsi de créer des déséquilibres dans la qualité de la formation des futurs professionnels de santé.
Yacine K.