Le fait que les autorités marocaines aient porté devant l’équipementier Adidas l’affaire du zellij pose un vrai problème sur les biens communs maghrébins.
Quand bien même par le passé, l’inscription du couscous au patrimoine mondial de l’Unesco a occasionné des divergences au sein des cinq pays du Maghreb, le zellij comme motif décoratif accentue la volonté d’appropriation cette fois-ci par le Maroc d’une décoration architecturale présente partout au Maghreb et en Andalousie,
Il serait vain d’évoquer une quelconque originalité par le simple fait que l’architecture maghrébine se partage une variété de motifs sans que l’on ait besoin de déterminer l’original de la chose partagée.
En ce domaine, plus que l’Algérie et le Maroc, tous les pays nord-africains sont concernés par le partage des biens matériels et immatériels qui matérialisent l’art des Amazighs ; Certainement cet art ne trouve pas aux yeux des spécialistes la gracieuse aptitude du Sublime mais il n’en reste pas moins que par définition l’art se démarque toujours des autres créations de l’esprit par la reformulation ou le refaçonnage des modèles.
A ce titre les maillots algériens zélligisés ont plus l’aspect du patchwork que d’une façade lisse du palais zianide El Mechouar ou des monuments mérinide et hafçide ou du palais de l’Alhambra de Grenade. Il y aurait à voir les agencements du même motif pour se faire une idée de la différence du mode d’exposition entre les deux supports matérialisant les zellijs.
A l’encontre du Maroc, cet agissement mercantiliste propulse devant la scène médiatique, les soubresauts de la mémoire des Algériens, le douloureux siège de Tlemcen par les Mérinides, et plus loin encore dans le passé, la traîtrise de Bocchus, roi des Maures à l’endroit des Numides menés par l’éternel Jugurtha, gendre de ce même roi maure.
En définitive, la guerre des sables déclenchée par le Maroc au lendemain de l’indépendance de l’Algérie n’est que l’empreinte d’une impossible entente des États maghrébins.
Fatah Hamitouche, ethnologue