Mardi 28 juillet 2020
Algérie : qui finance qui ?
«Si pour lutter contre une maladie on donne une infinité de remèdes, cela signifie que la maladie est incurable » Anton Tchekhov
Le budget de l’Etat est déficitaire, les entreprises sont à l’arrêt, les citoyens sont confinés chez eux, l’administration tourne au ralenti, les dettes s’accumulent, l’argent sale se terre, l’argent propre se volatilise, l’inflation galope, les marchés se vident, les clients s’affolent, les liquidités manquent, la machine à imprimer en panne, l’endettement extérieur interdit, le dinar dégringole, les frontières se ferment.
Le coronavirus se propage, la corruption s’étend, les commissions se multiplient, les résultats tardent, l’oxygène manque, le patient agonise.
Il est peut-être trop tard. Que faire pour répondre aux besoins multiformes d’une Algérie plongée dans une crise multidimensionnelle durable sans espoir de changement ? Toute vie sur terre est un processus perpétuel de changement.
Pour évoluer, une société a besoin de changement. Dans l’état actuel des choses, ces changements sont forcément douloureux. Sinon comment améliorer l’état de santé d’un patient sans lui infliger des douleurs ?
La corruption a gangréné la société, anéantit l’économie, déstabilisé les attentes des citoyens. Parmi les facteurs qui facilitent la corruption, on peut en citer au moins cinq : la concentration excessive des pouvoirs et des ressources, le laxisme et/ou l’indigence des autorités monétaires, bancaires et fiscales, la mauvaise gestion des entreprises au sens pénal et économique du terme, l’absence ou l’insuffisance de mécanismes qui permettent de contrôler l’action des dirigeants et/ou des fonctionnaires et les obligent de rendre compte de leurs actes, et enfin l’intervention systématique de l’Etat pour éponger des déficits de toute nature sans au préalable effectuer des audits sur les comptes de gestion présentés.
Si l’on s’en tient à ce dernier critère, actualité oblige, les concours consentis pourraient s’assimiler à des subventions automatiques. La Covid-19 ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Il ne faut pas jouer au riche quand on n’a pas le sous chante Brassens.
Enfin, tous les gouvernements qui se sont succédé de 1962 à nos jours n’ont pas placé dans leurs préoccupations prioritaires l’élimination de la corruption, bien que son coût politique, économique et social soit reconnu par tous. Pourtant, une authentique démocratisation des structures politiques, économiques et sociales peut contribuer grandement à mettre à terme à ces agissements nuisibles à l’économie et à la société.
La restauration de l’autorité de l’Etat passe par le respect de la chose publique car le désengagement de l’Etat a eu pour conséquence la vacance de ses biens. Il suffit de se référer au fameux décret de mai 1988 et de l’usage qui en a été fait pour s’en convaincre. Cela nous fait penser à cet auditeur des années 70 qui concluait ses rapports par cette phrase lapidaire : « situation anarchique créée en vue de détournement » !