La visite d’État du président Abdelmadjid Tebboune à Ljubljana, accompagné de plus de 70 chefs d’entreprise. Une occasion pour Tebboune et ses porte-plumes pour fanfaronner sur le rapprochement entre l’Algérie et la Slovénie.

Beaucoup de discours mais la réalité de la coopération bilatérale reste marquée par d’importantes limites. Encore une fois, le chef de l’Etat a brillé par ses effets de manches et ses fanfaronnades.

Un partenariat énergétique

Parlons clairement : de quel partenariat peut se targuer l’Algérie avec la Slovénie hormis l’énergie, et plus précisément le gaz. C’est l’unique pilier principal de la relation économique entre les deux pays. L’accord signé entre Sonatrach et Geoplin prévoit une augmentation des livraisons de gaz algérien à la Slovénie, passant de 300 à 500 millions de mètres cubes par an dès 2026, ce qui couvrira la moitié de la consommation nationale slovène. Certes, pour l’Algérie, ce partenariat s’inscrit dans une stratégie de diversification de ses débouchés en Europe, alors que le continent cherche à réduire sa dépendance au gaz russe. Mais pour un tel contrat, fallait-il le déplacement du chef de l’Etat et une tripoté de chefs d’entreprises ? Peu sûr.

Des ambitions de diversification affichées

Au-delà du gaz, Alger et Ljubljana affichent leur volonté de diversifier la coopération. Les discussions lors de la visite de Tebboune portent sur l’intelligence artificielle, la numérisation, l’agriculture, les énergies renouvelables ou encore la gestion de l’eau et la technologie spatiale. Plusieurs accords-cadres ont été signés ces derniers mois, notamment lors de la visite du Premier ministre slovène en Algérie, pour encourager les échanges dans ces secteurs émergents.

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Des limites structurelles persistantes

Malgré cette dynamique, la coopération économique reste limitée et très concentrée sur l’énergie. Les échanges hors hydrocarbures demeurent insignifiants, et les projets concrets dans les secteurs innovants peinent à se matérialiser. Encore faut-il que l’Algérie ait par exemple un système bancaire dématérialisé pour qu’elle puisse ambitionner de parler de technologie spatiale… Les obstacles sont nombreux : différences réglementaires, manque de connaissance réciproque des marchés, lenteurs administratives et absence d’investissements privés significatifs.

Déséquilibre commercial

La Slovénie voit en l’Algérie un partenaire stratégique en Afrique, mais le volume global des échanges reste modeste comparé à d’autres partenaires européens de l’Algérie. Le déséquilibre est notable : l’Algérie exporte principalement du gaz, tandis que les importations slovènes restent marginales, en dehors de quelques secteurs industriels et pharmaceutiques. Alors ? Tout porte à croire que cette visite relève d’une opération cosmétique d’un régime expert en improvisation que d’autre chose !

Sur le plan politique, la convergence est réelle, les deux pays siégeant comme membres non permanents au Conseil de sécurité de l’ONU et partageant des positions sur plusieurs dossiers internationaux. Mais cette entente ne suffit pas à compenser le manque de projets économiques structurants et la faible implication du secteur privé.

Conclusion

La coopération algéro-slovène est un voeu pieux. Une chimère, comme toutes celles qu’agite Tebboune depuis son arrivée au pouvoir. Comme l’autosuffisance alimentaire promise aux algériens alors qu’il importe moutons et banane. Comme la fameuse allocation touristique qui n’a pas connu le moindre début, comme les usines de voitures… La réussite de ce partenariat comme d’autres suppose une politique structurelle, des équipes qui bossent sérieusement leurs dossiers, une administration affranchie de ses lourdeurs, des interventions et de la corruption. Mais aussi et surtout, un gouvernement stable, compétent, rigoureux, cartésien et imperméable au populisme. C’est-à-dire des exigences impossibles à réaliser sous Tebboune et Chanegriha.

Rabah Aït Abache

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