Le titre le mieux adapté à cette chronique est : Mon esprit est à la Mecque, ma tête à Paris, mon ventre à Alger. Qui suis-je ?
Tout le monde s’accorde à dire que la première cause du sous-développement de l’Algérie provient du fait qu’on l’a privé de liberté, alors même qu’elle venait d’arracher sa souveraineté. Inutile de ressasser une histoire que tout le monde connaît !
Par ailleurs, d’aucuns affirment que la langue arabe imposée dès 1962 n’est pas à blâmer de notre déroute !
Cependant, le problème c’est qu’on n’a jamais vraiment enseigné la langue arabe et sa beauté mais le Coran qui s’y colle inévitablement ! De ce fait, on a tout fait pour que l’esprit de l’Algérien soit planté à la Mecque pendant que son cerveau rêve de Paris, New York et Washington, et que le pouvoir fait tout pour ne s’occuper que de son ventre.
Même la religion est devenue une espèce de refuge où la formule : « puisque je ne peux pas vivre à Washington ici-bas alors j’irai y vivre après le trépas ! », ne doit pas être si rare que cela parmi nos jeunes pratiquants.
Quoique belle dans la forme que lui donnent les chants des rossignols, comme Abdelhalim Hafez, et des airs agréables et harmonieux comme ceux de l’album « El-Mutakallimun » de Souad Massi, la langue arabe souffre et souffrira, sans doute pour l’éternité, de cette connotation mystique qui l’empêche d’éveiller les esprits ! Mais je reste convaincu qu’aux côtés du français, l’arabe, bien enseigné, ne peut que rayonner ! Et cerise sur le gâteau pour l’Afrique du Nord, le tamazight ! Cette langue qui possède une richesse inégalable en termes de phonèmes, ferait de nos petits chérubins des érudits les plus vifs et les plus clairvoyants de la planète ! Mais est-ce vraiment le but de ces petits pillards qui nous servent de gouvernants ? Il est permis d’en douter ! Puisque, non contents du massacre de l’éducation, ils imposent l’anglais au forceps maintenant.
À ce propos, j’ai eu un ancien collègue au téléphone hier soir qui m’apprend que son poste allait être attribué à une ancienne étudiante qui, jure-t-il par tous les saints, ne maîtrise ni le français ni l’arabe, et qu’à l’Université de Bab-Ezzouar, une centaine de nouveaux enseignants ont été recrutés suivant un schéma identique ! ?
Pour autant, la langue amazighe nous aurait-elle tiré d’affaire facilement ? La réponse est non. Tout simplement parce qu’une langue ça ne nourrit pas son peuple !
Si apprendre le chinois restait la seule langue qui permettrait à un homme de se nourrir, eh bien, les 8 milliards d’êtres humains l’apprendraient très vite !
Oui, les langues amazighes sont une richesse à préserver et à transmettre, mais une richesse qui ne se monnaye malheureusement pas ! Si demain, les grands de ce monde décidaient, je ne sais par quel miracle, que le salut de l’humanité résidait dans le formatage des muscles gutturaux de l’homo-sapiens alors nous deviendrions le centre de gravité de l’humanité !
Le problème algérien ne peut se résoudre sans que nous n’ayons tous l’esprit, les pieds et la tête en Algérie. Utopie que telle envolée, car sous quelque angle d’analyse nous procédons, nous retombons toujours sur la même problématique politique, celle des despotes cacochymes et illégitimes qui nous gouvernent et qui peuvent bien se passer du peuple dans sa totalité !
Donnez-moi un pouvoir légitime qui n’ait pas l’esprit à la Mecque ni la tête à Paris, demain je rentre pour donner mes derniers souffles à ce pays qui m’a enfanté !
« Quand la liberté rentrera, je rentrerai ! » Victor Hugo.
Kacem Madani