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Algériens et Marocains, frères ou ennemis ?

Algérie-Maroc

Salut mon « ennemi » ! Salam alikoum les « ennemis » ! C’est par ces salutations proférées avec le sourire que se salue un groupe d’amis algériens et marocains qui se rencontrent régulièrement à Rennes (Ouest de la France) autour de quelques bières dans un bar pour refaire le monde et les relations entre les pays d’Afrique du Nord.

C’est dans une ambiance bon enfant, entrecoupée de blagues hilarantes sur l’incohérence de nombre de règles issues des Sahih El Boukhari entre autres que se déroulent les débats. Il faut dire que dans le groupe, un ethnologue marocain semblait connaître le Sahih Al Bukhari dans ses moindres détails.

La multitude des envolées lyriques tourne autour de l’hospitalité encore présente dans tous nos villages, que ce soit au Maroc ou en Algérie. Une hospitalité soutenue par des anecdotes rapportées par un sociologue marocain qui avait effectué des séjours en Kabylie, notamment dans la région des Ath Yenni, dans les années 1990.

Refaire le monde c’est rêver de la grande Afrique du Nord ! Comment le construire tout en réglant définitivement les problèmes de la spécificité kabyle et du Sahara occidental ? Tous s’accordèrent sur une chose, le fait que l’Afrique du Nord tout entier est amazighe ! Quelques mots échangés dans les langues du terroir sont amplement suffisants pour se convaincre d’une base commune de toutes les composantes amazighs. Sans parler de coutumes ancestrales pratiquées encore dans les deux pays. Parmi ces coutumes, Yennayer semble constituer le véritable ciment, car il se fête partout, que ce soit au Maroc ou en Algérie.

Le tamazight se dégage tout naturellement comme la pierre angulaire de l’unification d’Afrique du Nord. Mais quid de la transcription de cette langue commune ? Le Maroc a déjà opté pour le tifinagh, alors que l’Algérie n’a pas encore tranché sur ce problème. Les islamistes voulant imposer la langue arabe, malgré le fait que cet alphabet est notoirement inadapté, selon les linguistes, faut-il encore le souligner, à prendre en charge le large spectre phonématique de tamazight, les universalistes lui préférant l’alphabet latin, version Mouloud Mammeri !

Mais comment voulez-vous enseigner le tamazight alors que vous n’avez pas encore réglé le problème de la transcription ? questionne, à juste titre, un « ennemi » marocain, ethnologue de profession. Sacré dilemme effectivement ! Et pourtant, il est bien enseigné.

Reste l’aspect politique des choses. Un consensus se dégage très vite, celui de la fédéralisation des régions. Chacune gardant ses spécificités dialectales. Le Sahara occidental fait évidemment partie intégrante de telle solution. 

En une soirée, Marocains et Algériens sont tombés d’accord sur nombre de sujets qui favoriseraient la construction de l’Afrique du Nord !

Mais tel consensus n’était possible que parce que le groupe « d’ennemis » était constitué d’universitaires, pour la plupart professeurs d’université, et que l’immixtion de la religion fut évacuée de fait dans les débats.

Construire la grande Afrique du Nord en unités fédérales et en bonne intelligence n’est donc pas une utopie, si tant est qu’on laisse l’entendement s’exprimer, les armes et les islamistes se la fermer !

Kacem Madani

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