4 décembre 2024
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Algériens et Marocains, frères ou ennemis ?

Algérie-Maroc

Salut mon « ennemi » ! Salam alikoum les « ennemis » ! C’est par ces salutations proférées avec le sourire que se salue un groupe d’amis algériens et marocains qui se rencontrent régulièrement à Rennes (Ouest de la France) autour de quelques bières dans un bar pour refaire le monde et les relations entre les pays d’Afrique du Nord.

C’est dans une ambiance bon enfant, entrecoupée de blagues hilarantes sur l’incohérence de nombre de règles issues des Sahih El Boukhari entre autres que se déroulent les débats. Il faut dire que dans le groupe, un ethnologue marocain semblait connaître le Sahih Al Bukhari dans ses moindres détails.

La multitude des envolées lyriques tourne autour de l’hospitalité encore présente dans tous nos villages, que ce soit au Maroc ou en Algérie. Une hospitalité soutenue par des anecdotes rapportées par un sociologue marocain qui avait effectué des séjours en Kabylie, notamment dans la région des Ath Yenni, dans les années 1990.

Refaire le monde c’est rêver de la grande Afrique du Nord ! Comment le construire tout en réglant définitivement les problèmes de la spécificité kabyle et du Sahara occidental ? Tous s’accordèrent sur une chose, le fait que l’Afrique du Nord tout entier est amazighe ! Quelques mots échangés dans les langues du terroir sont amplement suffisants pour se convaincre d’une base commune de toutes les composantes amazighs. Sans parler de coutumes ancestrales pratiquées encore dans les deux pays. Parmi ces coutumes, Yennayer semble constituer le véritable ciment, car il se fête partout, que ce soit au Maroc ou en Algérie.

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Le tamazight se dégage tout naturellement comme la pierre angulaire de l’unification d’Afrique du Nord. Mais quid de la transcription de cette langue commune ? Le Maroc a déjà opté pour le tifinagh, alors que l’Algérie n’a pas encore tranché sur ce problème. Les islamistes voulant imposer la langue arabe, malgré le fait que cet alphabet est notoirement inadapté, selon les linguistes, faut-il encore le souligner, à prendre en charge le large spectre phonématique de tamazight, les universalistes lui préférant l’alphabet latin, version Mouloud Mammeri !

Mais comment voulez-vous enseigner le tamazight alors que vous n’avez pas encore réglé le problème de la transcription ? questionne, à juste titre, un « ennemi » marocain, ethnologue de profession. Sacré dilemme effectivement ! Et pourtant, il est bien enseigné.

Reste l’aspect politique des choses. Un consensus se dégage très vite, celui de la fédéralisation des régions. Chacune gardant ses spécificités dialectales. Le Sahara occidental fait évidemment partie intégrante de telle solution. 

En une soirée, Marocains et Algériens sont tombés d’accord sur nombre de sujets qui favoriseraient la construction de l’Afrique du Nord !

Mais tel consensus n’était possible que parce que le groupe « d’ennemis » était constitué d’universitaires, pour la plupart professeurs d’université, et que l’immixtion de la religion fut évacuée de fait dans les débats.

Construire la grande Afrique du Nord en unités fédérales et en bonne intelligence n’est donc pas une utopie, si tant est qu’on laisse l’entendement s’exprimer, les armes et les islamistes se la fermer !

Kacem Madani

3 Commentaires

  1. algériens et marocains nous sommes définitivement frères mieux que cela nous sommes un! le même peuple, la même langue, la même religion, la même nourriture, nous sommes certainement pas des ennemis! n’oublions qu’il y a quelques siècles nous étions dans un unique pays, nos vrais ennemis eux ont tout intérêt à nous diviser et à nous monter les uns contre les autres! alors ne tombons pas dans leurs pièges!

  2. A l’échelle de l’Histoire, les choses avancent bien plus rapidement qu’il n’y parait. Souvenez-vous, il fut un temps, pas très lointain, où nous nous étonnions, nous, qui descendions de nos montagnes pour fréquenter le Lycée de Tizi-Ouzou, de découvrir que soumis à la forte pression de la politique d’arabisation forcée, de nombreuses familles de cette cité, cœur de la Kabylie du Djurdjura, avaient déjà, banni, comme jadis à Batna, leur langue maternelle de l’espace publique ! La première étincelle vint de notre colère face à la violence exercée, en direct, à la télévision nationale, par une prétendue journaliste, sur une fillette innocente, dont le crime épouvantable fut d’avoir balbutié quelques mots dans la langue de sa mère. Puis vint cette incroyable et honteuse interdiction par le Wali de Tizi-Ouzou, lui-même kabyle, de la conférence sur la poésie berbère ancienne, que devait prononcer Mas Mouloud Mammeri! Puis vint, enfin, de tout son éclat, Tafsut imaziɣen dont les bourgeons avaient éclos, nourris de longue date par la sève de Dda Lmulud et ses innombrables disciples et compagnons, de Salem Chaker à Mohya, de Matoub Lounès à Lounis At Menguellat, d’Ideflawen à Imaziɣen Imulla, avant son triste et piteux naufrage. Sans oublier l’immense contribution de Kateb Yacine à ce retour en trombe du refoulé de Tamezɣa, qui, parti de nos montagnes, irrigua l’Algérie du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, avant de s’étendre à toute l’Afrique du Nord. Que de chemin parcouru en si peu de temps, même si bien des obstacles restent à surmonter, parmi lesquels le choix de l’alphabet n’est pas le pire, puisque nos linguistes sont d’avis qu’il faudrait, d’une part adopter tammamrit, déjà enrichie par certains apports, pour l’ouverture, à la fois, sur la modernité et sur l’universel, et Tifinaɣ comme notre trésor culturel, témoin du passé multi millénaire de tarwa imaziɣen. Nous pouvons et devons mener de front, d’une part, un dialogue fraternel avec nos compatriotes arabophones, pour nous convaincre mutuellement que nos deux belles langues nationales et officielles peuvent parfaitement cohabiter et s’enrichir mutuellement pour le bien de tous, et, d’autre part, un rude combat politique et identitaire contre ceux qui persistent encore à croire que l’Histoire de l’Afrique du Nord commence avec l’arrivée des troupes de Oqba Ibn Nafi al-Fihri, parmi lesquels Kamel Caniche et Naima Salhi ne sont que la partie émergée de l’iceberg.

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