Amar Benhamouche est natif d’Akbou (Aqbu), une ville et une commune de la wilaya de Béjaïa (Bgayet) dans la vallée de la Soummam. Dans une région célèbre de par son histoire, cette ville est délimitée à l’est par la Soummam, au sud par l’oued Sahel (Asif Ɛebbas) et proche des communes d’Ouzellaguen, d’Amalou, de Bouhamza, d’Ighram, d’Aït R’zine, de Seddouk, de Chellata et de Tazmalt. Autour d’Akbou on trouve l’Azib Benali Chérif, Tifrit, Taharacht et Azaghar.
Amar Benhamouche est psychologue de formation mais c’est la poésie qui l’anime et le passionne. Si cela peut paraître étrange aux non avertis, il n’en est rien en vérité : la psychologie et la poésie se complètent, les deux guérissent par les mots. Comme l’écrivit Confucius : « Trois cents poésies peuvent être résumées en un mot : la pensée pure. »
Dans son article sur la relation entre psychologie analytique et la création poétique-artistique, Carl Gustav Jung considère que la psychologie et la poésie sont étroitement liées.
Amar Benhamouche est un poète militant. Dans un élan d’amour pour cet art majeur que l’époque avec ces médias lourds tend à ignorer, il porte au-devant de la scène cette parole libre aussi vieille que l’humanité. En 2015 il a publié une pièce de théâtre en kabyle, Irus d Tanatus.
Amar Benhamouche est par ailleurs le secrétaire général de l’association Apulivre, présidée par Hacene Lefki, avec qui il a lancé en 2022 la première édition du festival de poésie « La Tour Poétique ». Il vient de publier, dans le cadre de la troisième édition de ce festival de poésie, « Poésie : Luttes et combats », un ouvrage préfacé par Rachida Belkacem, aux éditions Milot.
« Poésie : Luttes et combats » est un ouvrage collectif poétique. C’est la rencontre de plusieurs écrivains et poètes de différents pays, Amar Benhamouche, Maggy de Coster, Sarah Mostrel, Pedro Vianna, Kamel Bencheikh, Yasmine Madaoui, Geneviève Guevara, Claire Boitel, Arwa Ben Dhia Rachida Belkacem, Hanen Marouani, Leila Elmahi et Alain Pizerra.
« Poésie : Luttes et combats » est un livre passionnant qui élève et redonne ses lettres de noblesse à la poésie, il est comme une bouffée d’oxygène qui laisse entrevoir un avenir propice où la poésie pourrait reprendre sa place première, sa place d’art majeur.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes psychologue de formation, poète, militant et animateur associatif, qui est Amar Benhamouche ?
Amar Benhamouche : Né en Kabylie dans une modeste famille de paysans. Mon père, un poète et un militant de la cause berbère, m’a initié dès ma tendre enfance à la lutte politique, au combat pour notre notre identité et notre langue berbère et il a accordé un soin particulier à la transmission de l’amour de la lecture.
Diplômé en psychologie clinique (Master II) et d’un autre diplôme en psychologie de l’enfant, je suis auteur de presse, poète, passionné de littérature et féru d’Histoire. Actuellement, je suis le secrétaire général de l’association Apulivre présidée par Hacene Lefki.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes très actif, vous faites des allers-retours entre Rouen où vous vivez et Paris, sans jamais vous plaindre, le visage souriant, est-ce la poésie qui vous donne tant d’énergie ?
Amar Benhamouche : Ce n’est pas seulement la poésie, mais toute cette envie de participer à la promotion de la culture, particulièrement du livre et de la lecture. Il ne faut surtout pas oublier que j’ai eu la chance de naître dans une région très active dans domaine culturel ; du village au collège, du lycée à l’université par la suite. Mes diverses expériences dans le mouvement associatif et le privilège que j’ai eu de rencontrer de grandes personnalités actives dans les domaines politiques et culturels m’ont influencé et ont façonné ma personnalité d’aujourd’hui. Je suis le produit d’une Histoire, et je m’estime heureux d’avoir contribué modestement, à l’aune de mes possibilités et de mes savoirs, à enrichir la scène culturelle contemporaine.
Le Matin d’Algérie : Le célèbre psychiatre et psychologue Carl Gustav Jung a noté le lien étroit qu’il y a entre la psychologie et la poésie, quel est votre avis ?
Amar Benhamouche : Freud fait le parallèle entre le rêve et la littérature. Il qualifie toute production littéraire, dont la poésie bien évidemment, de « rêves éveillés « . En effet, la poésie est une forme de catharsis, une libération de nos douleurs et une expression de nos désirs inconscients réprimés, interdits et refoulés à travers un mécanisme de sublimation.
Dans, Malaise dans la Civilisation, Freud écrit « La sublimation des pulsions est un trait particulièrement saillant du développement de la civilisation, c’est elle qui rend possible que les activités psychiques supérieures, scientifiques, artistiques, idéologiques, jouent un rôle tellement important dans la vie civilisée. »
Ainsi, la poésie peut constituer une thérapie ; individuellement en écrivant et collectivement en la partageant avec les autres.
Le Matin d’Algérie : Il faut du courage et de la ténacité pour s’investir autant autour de la poésie, Parlez-nous du Festival, La Tour Poétique, que vous avez créé.
Amar Benhamouche : Victor Hugo a dit : « Quelques peuples seulement ont une littérature, tous ont une poésie ». La poésie est ce langage universel, cette beauté des mots qui survole les cieux et traverse les frontières pour bâtir des ponts de fraternité et de solidarité entre les peuples.
Paris est une des capitales de la beauté, des arts et de la littérature. La grandeur de la Tour Eiffel, la beauté de Paris, la générosité des parisiens s´ y joignent pour offrir à tous ceux qui la parcourent une balade en vers. D’où le nom du festival « La Tour Poétique « , qui fait référence à la Tour Eiffel.
Cependant les membres de l’association ressentaient fortement le manque d’espaces réservés à la poésie et aux poètes. Ils ont ainsi formulé unanimement l’idée de lancer un festival de poésie. Une année après la création de notre association, nous avons proposé cette idée du festival à la responsable de la MVAC du 15ème arrondissement de Paris (Maison de La Vie Associative et Citoyenne du 15e arrondissement de Paris) Madame M. Thiam, qui a très vite validé la proposition.
Les trois éditions du festival de poésie » La Tour Poétique » organisées par notre association « Apulivre « , en septembre 2022, en juin 2023 et en juin 2024, furent des occasions en or pour rencontrer de belles âmes et de belles plumes. Ces trois éditions nous ont permis de conjuguer le verbe écrire en amour, de composer une ode à la tolérance.
Le Matin d’Algérie : Vous venez de publier un bel ouvrage poétique collectif où vous avez réussi à réunir plusieurs écrivains poétes, comment avez-vous pu rendre possible ce beau projet ?
Amar Benhamouche : À la rentrée littéraire de septembre 2023, nous avons débattu, au sein de l’association, l’idée d’un livre collectif à éditer pour la troisième édition du festival. Sur mon initiative, nous avons conçu la thématique « Poésie, luttes et combats », nous avons alors proposé à des auteurs et des poètes parmi la constellation des auteurs du festival de contribuer. Il restait à trouver une maison d’édition.
Au mois d’octobre 2023, j’ai contacté des poètes qui tous montrèrent un vif intérêt et un grand enthousiasme pour ce projet. Un mois plus tard, les éditions Milot acceptèrent ce projet de livre collectif, sous deux réserves : privilégier le qualitatif sur le quantitatif, et créer préalablement un comité de rédaction et de sélection des textes à publier. Vers le mois d’avril les textes furent sélectionnés par le comité et corrigés. Quelques jours avant le festival, comme un cadeau, le livre a été publié sous ma direction, préfacé par l’auteure et poète franco-marocaine Rachida Belkacem et illustré par le peintre et dessinateur Hamid Aftis, ce projet a abouti en seulement six mois. Le livre se structure en trois parties ; une première contient des textes de réflexion, une deuxième, un hommage au poète français Frédéric Tison qui nous a quittés en décembre 2023, et la dernière partie est réservée aux textes poétiques.
Le livre a été publié quelques jours avant le début de la troisième édition du festival de poésie, La Tour Poétique, qui s’est déroulé à Paris, dans le 15ème arrondissement, du jeudi 13 au samedi 15 juin 2024.
Le Matin d’Algérie : Un mot sur l’association, Apulivre, dont le titre est tellement évocateur, justement, comment s’est fait le choix de ce titre ?
Amar Benhamouche : L’idée de l’association Apulivre est née sur les falaises d’Étretat où Hancene Lefki, l’actuel président de l’association, m’a proposé l’idée de lancer une association culturelle. J’ai apprécié cette belle idée et nous avons débattu par la suite avec d’autres amis qui nous ont orientés et aidés dans les démarches administratives.
Le choix du nom de l’association n’a rien d’anodin. En effet, c’est un mot-valise qui emboîte d’une part « Apulée » et d’autre part « Livre ». Et ceci en référence à Apulée de Madaure (Mdaourouch), un orateur, écrivain, philosophe médio-platonicien numide, reconnu comme le premier romancier de l’humanité avec son roman « l’Âne d’or » ou « les Métamorphoses ».
Apulée porte la symbolique de ce pont que nous voulons bâtir entre les deux rives, la rive Sud et Nord de la Méditerranée ; un pont de littérature et de culture pour la fraternité entre les peuples.
Le Matin d’Algérie : Quel regard portez-vous sur la production poétique en général et en Algérie en particulier ?
Amar Benhamouche : Malgré le pessimisme qui règne dans les milieux poétiques en France, je pense que la production est prolifique. Nous constatons surtout qu’il y a de plus en plus de jeunes auteurs. Les contacts que notre association a entretenu avec les maisons d’édition et les poètes ont montré que les gens continuent à écouter et lire la poésie et à acheter des recueils. En ce qui concerne la baisse du nombre des lecteurs, je pense qu’il ne concerne pas seulement la poésie mais toute la production littéraire. Petit à petit, l’écran a remplacé le livre.
En ce qui concerne l’Algérie, je n’ai pas assez d’informations et de contacts avec des poètes. Mais je sais que la poésie y est moins présente dans les librairies. En effet, ce sont les réseaux sociaux et quelques festivals de poésie organisés ici et là qui permettent aux poètes de faire connaître leur production poétique.
Le Matin d’Algérie : La poésie peut-elle aider à l’émancipation d’une société ?
Amar Benhamouche : Je pense que la poésie est un outil de lutte. Dans ma contribution in « Poésie : luttes et combats », je mets en exergue l’importance de la poésie dans l’éveil des consciences, dans le monde entier, mais plus particulièrement en Kabylie. En effet, j’y parle du rôle important joué par deux poètes et chanteurs, en l’occurrence Lounis Ait Menguellet et Lounes Matoub, dans la conscientisation et l’accompagnement des masses populaires dans la lutte pour la liberté.
Le Matin d’Algérie : “L’Amour, la poésie, c’est par ce seul ressort que la pensée humaine parviendra à reprendre le large.” Disait l’écrivain poète français André Breton, qu’en pensez-vous ?
Amar Benhamouche : Aujourd’hui, l’expression de la haine s’étend et est même tolérée partout dans le monde. En parallèle, les conflits internationaux, les crises sociales et le climat de guerre endolorissent le rapprochement entre les humains. Hélas ! Rien de bon ne se présage pour ce monde… Mais fort heureusement, la poésie existe pour contrer la haine et dire non à la guerre. Dans les tréfonds de l’âme du poète surgit l’amour et l’expression de la tolérance. La poésie réunit ce que les idéologies nauséabondes séparent. Dans ma poésie on retrouve l’éloge de l’amour, de la révolution et de la tolérance.
Le Matin d’Algérie : Quels sont les poètes qui vous influencent ?
Amar Benhamouche : Comme mon père était poète, j’ai été précocement bercé par la voix de la poésie. En effet, mon père nous récitait souvent à la maison ses poèmes et nous expliquait leur sens. Les chanteurs-poètes kabyles m’ont fait découvrir davantage la poésie dans sa dimension engagée et révolutionnaire, particulièrement Lounis Ait Menguellet et Lounes Matoub.
Par la suite, j’ai découvert d’autres sommités de la poésie kabyle comme Ahmed Lahlou et Ben Mohamed. L’amour de la langue française m’a aidé à découvrir Kateb Yacine et Tahar Djaout, Victor Hugo, Charles Baudelaire et Jacques Prévert. J’ai aussi voyagé en Amérique Latine en lisant les traductions de deux grands poètes chiliens qui m’ont beaucoup marqué, Pablo Neruda et Nicanor Parra. Je suis bien sûr aussi habité par la beauté de la langue arabe, une langue de poésie que j’ai découvert à travers les mots de Mahmoud Darwich, Ahmad Matar, Nizar Qabbani et Hamouche Tazaghart.
Mon réseau d’amis et de poètes m’a permis de découvrir de belles plumes, Kamel Bencheikh, Arwa Ben Dhia, Rachida Belkacem, Maggy De Coster, Sarah Mostrel, Claire Boitel, Consuello Arriagada et tant d’autres…
Le Matin d’Algérie : Avez-vous de projets en cours et à venir ?
Amar Benhamouche : Effectivement, tant que la vie ne s’arrête pas, les projets ne s’arrêtent pas. Avec mon ami, le sculpteur et le dessinateur Hamid Aftis, nous sommes en train de finaliser le projet d’une bande dessinée sur le chanteur-poète Lounes Matoub. En ce qui concerne la poésie, je travaille actuellement sur mon propre recueil un recueil de poésie bilingue, arabe/français, intitulé « L’Amour et la Révolution ».
Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Amar Benhamouche : Mon dernier mot ne peut être qu’un appel aux parents. Qu’ils fassent de la lecture et de la culture une priorité dans l’éducation de leurs enfants. Un peuple cultivé ne sera jamais dupé ou dépravé.
Entretien réalisé par Brahim Saci
Bravo.
Amar Benhamouche : Aujourd’hui, l’expression de la haine s’étend et est même tolérée partout dans le monde. En parallèle, les conflits internationaux, les crises sociales et le climat de guerre endolorissent le rapprochement entre les humains. Hélas ! Rien de bon ne se présage pour ce monde… Mais fort heureusement, la poésie existe pour contrer la haine et dire non à la guerre. Dans les tréfonds de l’âme du poète surgit l’amour et l’expression de la tolérance. La poésie réunit ce que les idéologies nauséabondes séparent. Dans ma poésie on retrouve l’éloge de l’amour, de la révolution et de la tolérance.
Comment une langue qui ne s’exprime meme pas, peut-elle exprimer quoi que se soit, soit-il amour ou haine? Je parle du Kabyle biensur. Tout psy que Mr Benhamoche est, il doit bien comprendre que les mots et actions meme, ne sont que des echoes… Deux langues(sens biologique et non system-linguistique) sont 2 langue qui partagent quelque chose, ou est-ce peut-etre enguage’es dans ce partage-la??? pour faire la part des choses? Il n’y a que la proximite’ qui rend ces partages complique’s, difficiles. Proximite’ sur bien des dimensions, depuis la geographie jusqu’au vecu, a forme, longueur, epaisseur… de ces langues, c.a.d. leur genetique !!!
Ca ne nous menera nulle-part de faire echo du vecu des Chiliens, Arabes, ou autres pour projeter notre avenir Kabyle. Il a son propre passe’. C’est ce que j’enttends et vois dans les parole Matoub. Pour Menguelet, ca me depasse. Quand aux Francais, car c’est de leur capitale que vous parle, Notre conflit a ete’ resolu. La France peut-etre a encore des comptes a regler avec les orientaux, mais pas nous – et je vous le dit Malheur a qui se mele de ce qui ne le conserne. C’est d’ailleur comme ca que vous passez de Kabyles a Arabes, d’Africains a Orientaux, Asiatiques.
Je commanderais l’edition Apule’e u’Mhend, quand elle sortira, si je suis encore de ce monde.
Les francais aiment beaucoup se foutre entre freres, Marocains-algeriens, Hebreux et Arabes, Russes et Ukrainiens et meme Hutis et Tutsis !!! Ils se portent meme guarant de je ne sais quoi !!! Guarants de paix et amour qu’ils ne sauront ou pouront jamais assumer. C’est ce qu’en pensent les Americains par example, en souvenir du Vietname, Liban et d’autres conflits de famille encore. Le menage a 3 comme adjectif, leur convient parfaitement. J’espere que les Kabyles sauront preserver leurs enfants.