Elle était l’une des égéries du soulèvement citoyen. Celle qui a combattu le système Bouteflika bien avant le Hirak. Amira Bouraoui, réfugiée en France est condamnée à la prison ferme.
En avril 2014 déjà, elle s’était acharnée quasiment seule contre le 4e mandat.
Avant la chute de Fakhamatouhou, elle ose affirmer que s’il était « réélu » elle quitterait le pays. Bouteflika éjecté, elle est restée, croyant naïvement, comme nous tous, que sa chute entraînerait celle du système. Notre combattante suprême a vite fait de déchanter car s’attaquer à un président en exercice, c’est remettre en question tout le système qui sévit depuis 1962 ! Et ça, le système ne le pardonne pas ! Pour lui faire payer son engagement, on lui interdit de quitter le pays. Mais c’était sans compter sur la détermination de celle qui représentait l’espoir d’une Algérie nouvelle. Sa fuite rocambolesque avait fait l’objet d’une crise sérieuse entre l’Algérie et la France. La suite, on la connaît.
En guise de vengeance, c’est une cabale sans précédent qui est menée contre tous ceux qui l’avaient aidée dans sa fuite.
Lors du procès de ce mardi 30 octobre au tribunal de Constantine, le procureur de la République a requis 10 ans de prison ferme contre Amira Bouraoui, assortis d’un million de dinars d’amende avec le maintien du mandat d’arrêt international lancé à son encontre, indiquent plusieurs sources dont le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Il a aussi requis 5 ans contre un policier de la police des frontières (PAF), 3 ans fermes contre le journaliste Mustapha Bendjama, le chauffeur Djamel Miassi, le dénommé Yacine Bentayeb et Khadija Bouraoui, la mère d’Amira.
Après ça, qui oserait dire que notre justice n’obéit pas un cahier des charges à deux cadences ? L’Etat de droit a vécu.
– Soit la justice algérienne prononce ses peines en fonction des résultats d’un jeu de pile ou face pervers auquel nos magistrats s’adonnent dans les coulisses en attendant des ordres venus d’en haut et que le téléphone sonne.
– Ou alors ces honorables justiciers s’en remettent à la visite de l’ange Gabriel. Ce qui expliquerait le fait que, bien souvent, les verdicts soient rendus pendant la nuit !
Comment peut-on construire un pays de DROIT avec de telles absurdités dans les rouages de la justice ? Des ONG de défense des droits humains ont plusieurs fois appelé à la libération des détenus d’opinion. En vain. Tebboune et ses soutiens demeurent sourds.
Mais en est-on à une absurdité près, en « Absurdistan », diriez-vous !
Courage Madame, vous avez notre sympathie et notre soutien !
Kacem Madani