Anouar Haddam, ancien président de la délégation parlementaire du FIS dissous à l’étranger et qui vit aux USA depuis mars 1992, est rentré en Algérie.
Officiellement aucune information n’a filtré. Mais l’ancien dirigeant du FIS dissous s’en expliqué sur les réseaux sociaux se rappelant, comme si c’était nouveau, que le pays avait besoin d’un renfort intérieur. Sic ! Il a même remercié toutes les personnes qui lui souhaitent la bienvenue au pays.
Dans quel cadre Haddam est rentré au pays ? Est-ce sur sa demande ou celle des autorités ? Beaucoup de questions entourent ce retour au moment où le pouvoir traque les voix dissidentes et met entre parenthèses la libertéd’expression.
Il est vrai que l’homme est pour le moins peu fréquentable pour ceux qui se souviennent des atrocités de la décennie noire. Et ce, même si la « réconciliation nationale » imposée à la société par Bouteflika est passée par là.
Anouar Haddam, c’est ce responsable du FIS dissous qui avait revendiqué et justifié l’attentat terroriste du 30 janvier 1995 qui a visé le commissariat central et fait 42 morts et plus de 260 blessés. Entre autres bien entendu.
Interrogé par El Hayat, sur l’attentat à la voiture piégée, il explique: «L’opération ne visait pas les innocents mais avait pour cible le commissariat central de police.» Et il attribue à «la malchance le grand nombre de victimes car l’explosion a coïncidé avec le passage d’un bus».
Il conduira avec Rabah Kebir la délégation du FIS dissous à la réunion de San’Egidio (Italie) du 8 au 3 janvier 1995. Un conclave qui a réuni Hocine Aït Ahmed et Ahmed Djedaï (FFS), Ali Yahia Abdenour (LADDH), Ahmed Ben Bella et Khaled Bensmaïn pour le MDA, Abdelhamid Mehri (FLN) et Abdellah Djaballah (Ennahda), Louisa Hanoune (PT) et Ahmed Ben Mohammed (Jazaïr musulmane contemporaine). Ce conclave a donné lieu au « contrat de Rome ».
Anouar Haddam avait tenté de retrouver la scène politique en 2007. Il avait annoncé le 11 janvier 2007 la création d’un nouveau parti politique, le Mouvement pour la liberté et la justice sociale (MLJS). Anouar Haddam, avait déclaré, à l’époque, que le MLJS se fixe comme objectif de participer « au règlement de la crise politique » en Algérie, « contribuer à la réussite d’une véritable réconciliation nationale et à sa promotion, enterrer les haines, tourner la page du passé et ouvrir une nouvelle ère pour sortir de la crise » en vue de « l’instauration de la sécurité, la stabilité, la liberté, la justice sociale et le développement » dans le pays. Depuis, beaucoup d’eau a coulé.
Il avait soutenu la réconciliation nationale voulue par l’ancien président Bouteflika en 2000. «La réalisation d’une réconciliation véritable, poursuit-il, exige que tous les fils et filles de notre cher pays se débarrassent des calculs passéistes étroits et oeuvrent, au contraire, à préserver son sens profond sur les plans spirituel, moral et social, savoir tourner la page de l’affrontement de la renaissance, en sources de dignité et d’immunité civilisationnelles», avait-il soutenu dans un communiqué rendu public le 21 octobre 2005.
Ci-dessous la déclaration d’Anouar Haddam soutenant la « lutte armée » durant la décennie noire.
Sofiane Ayache