Dimanche 27 octobre 2019
Appel à l’arrêt des atteintes à la liberté de culte et de conscience
Au lieu d’accepter la nécessaire sortie du système, ce qu’attendent légitimement les millions de manifestants qui investissent la rue depuis plus de neuf mois, le pouvoir s’acharne plutôt à le restaurer en s’attaquant de front aux droits et libertés, individuelles et collectives.
Isolé, il joue en ce moment ses dernières cartes. Il cherche à dresser les Algériens les uns contre les autres par la résurgence et l’exacerbation des clivages idéologiques et en ravivant les problèmes identitaire, culturel et, dernièrement, religieux.
La fermeture récente de plusieurs lieux dédiés au culte protestant, tout comme les autres persécutions menées contre des communautés religieuses établies obéit à l’adage «diviser pour régner» et vise à jeter des passerelles avec les ennemis de la démocratie devenus en la circonstance des alliés. Ceux-là même qui entretiennent le paradoxe en réclamant – à juste titre – des lieux de culte musulmans à l’étranger, tout en étant contre l’établissement de ces mêmes espaces chez eux.
Ces actions sont loin d’être des manœuvres de diversion d’un système désormais massivement et publiquement rejeté. Le pouvoir de fait est en effet capable du pire parce que précisément le peuple ne veut plus se laisser manipuler. Ce dernier affirme, deux fois par semaine voire trois, son unité et le rejet du discours de division. Elles constituent un soubassement fondamental pour sauver le pouvoir de fait et perpétuer
Que devient l’Etat ? Censé être neutre et basé sur une constitution qui garantit entre autres les libertés de culte et de conscience, celui-ci, à travers une administration aux ordres, viole ses propres textes et sème ainsi une discorde extrêmement dangereuse. L’Etat sort de la sphère citoyenne pour s’incarner en communauté religieuse. Le croyant est ainsi supérieur au citoyen, soit l’antithèse de l’Etat.
L’Etat moderne, fondé constitutionnellement sur l’égalité en droit et la liberté notamment de conscience, crée les bases du vivre ensemble en harmonie. Il rassemble et s’élève naturellement contre toute fracture.
Conformément à notre attachement à l’Etat civil et aux droits de l’homme, dont la charte y afférente et au demeurant signée par l’Algérie, nous condamnons fermement les attaques répétées contre l’ensemble des libertés et particulièrement les libertés de culte et de conscience, auxquelles il a été gravement attenté dernièrement par la fermeture des lieux de culte protestant.
Nous exigeons l’abrogation de toutes les lois discriminatoires et liberticides. Sous prétexte d’organiser la pratique du culte et de la religion, le pouvoir instaure un régime de contrôle policier. Il est arrivé le temps de se libérer des faux-semblants et de reconnaître la réalité qui, elle, est plurielle.
Alger, le 22 octobre 2019.
Signataires du texte:
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AIT YAHIA Ouali
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ALI RACHEDI Abdeslam
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AROUS Zoubir
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BADAOUI Ahmed
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BAKIR Mohand
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BELMEKKI Salah
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BOUHADEF Mustapha
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BOUMGHAR Mouloud
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BRAHIMI Ali
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DADENE Hadi
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FERRAD Arezki
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KEBOUR Fatma
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KHEDDAR Cherifa
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LABTER Lazhari.
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LADDADA Mohamed
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MEGUEDEB Amar
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MIRA Tarik
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MOULA Ramdane
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NAILI Djabria
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OUAZAR Hamid
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TAIBI Assyr
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ZAOUI Amine