D’aucuns s’étonnent de la furie du pouvoir algérien – qui ne rate pas une occasion de monter au créneau dès que des voix s’élèvent pour dénoncer des dérives autoritaires qui ne sont plus à démontrer – oubliant que la raison d’être de tout gouvernement est de tout faire pour formater le peuple à son image !
Tel formatage a commencé bien avant le fameux « nous sommes arabes » éructé trois fois par Ben Bella, comme pour mieux enfoncer dans la caboche des récalcitrants que le statut d’indigènes qui nous avait été collé par nos précédents colons ne bougerait pas du moindre iota.
Avec tout un arsenal de décrets et d’articles constitutionnels, notre arabité fut actée ! L’arabisation de l’École a fini d’achever la marche forcée vers le triptyque « arabité, islamité, amazighité », reléguant ainsi notre composante génétique au dernier poinçon de notre identité !
Or, depuis 1962, qui peut prétendre que sa propre mère n’ai jamais compris un traitre mot de ces discours rébarbatifs débités en arabe nucléaire que personne ne saisit, donnant ainsi raison à la formule de Karim Akouche : « Si la langue de tes gouvernants n’est pas celle de ta mère, sache que tu es colonisé » ?
Ne parlons pas de ces versets coraniques débités à tire larigot par tous les imams du pays, et que personne ne saisit, même parmi l’écrasante majorité des arabophones !
À propos de matrice de transfert linguistique entre gouvernants et gouvernés, les maîtres d’Alger n’appliquent-ils pas depuis 1962, la même recette que les colons de 1830 ? Quoique, nos anciens colons utilisaient parfois des interprètes quand il s’agissait de s’adresser aux « indigènes » pour des problèmes qui les concernaient directement.
En termes de communication, nos nouveaux colons ont donc fait un sacré bond en arrière. Et ils ne sont pas disposés à faire preuve de raison et changer de cap !
Il n’est pourtant pas difficile d’adhérer au fait que pour remettre de l’ordre dans ce cafouillis d’erreurs historiques, le triptyque qui convient le mieux à une république moderne qui ne s’ignore pas est : « amazighité, arabité, laïcité » !
Mais il est utopique de faire admettre telle disposition des choses, qui reflètent pourtant une réalité évidente que personne ne peut contester, aux maîtres d’Alger !
Quant à nous, rien ne nous empêche de rêver ! Et après tout, le rêve nourrit l’espoir et l’espoir fait vivre !
Kacem Madani