La cour de Bejaia a confirmé en appel la peine prononcée en première instance à l’encontre de la militante et universitaire Mira Mokhnache, en la condamnant, aujourd’hui 14 mars, à 6 mois de prison ferme et à 50 000 dinars d’amende et ce, sans mandat de dépôt.
L’affaire Mira Mokhnache est liée à la présence de la militante aux obsèques des victimes des incendies de l’été 2023 dans la région de Toudja et ses déclarations courageuses. Cette universitaire à l’engagement chevillé au corps est visée par plusieurs procès. Soutenue par une poignée d’avocats tout aussi courageux comme Me Ouali et Me Klioua, elle fait le tour des tribunaux de Bejaia jusqu’à Oran pour répondre d’accusations imaginaires. La machine judiciaire n’épargne pas ses avocats soumis eux aussi à des pressions.
Dans une déclaration que la militante a rendu publique aujourd’hui sur les réseaux sociaux, elle confie qu’elle paye son engagement. Elle écrit : « Je paye le prix de la liberté et j’en suis fière ! Je fais de la réelle politique, celle de la lutte et non de la chaise et des postes de pouvoir ! »
L’universitaire poursuit son constat sans concession sur la classe politique qui a renoncé à la lutte : « Pendant que des militants continuent à lutter, à se sacrifier, jusqu’à porter ce flambeau qu’on ne veut pas voir éteindre…, les politiques de l’opportunisme se frayent un chemin, tout tranquille, en usant de langue de bois et des subterfuges et manipulations …. ils prétendent asseoir l’appaisement, l’ouverture du champ politique, le retour à la politique …. C’est la seule voie qu’utilisent les partis politiques depuis, cette fausse ouverture du champ politique en 1989,… faire du semblant politique » Et, elle s’interroge : « A quoi sert-il de répéter l’histoire ? ». Mira Mokhnache estime de juste que « la seule politique qui puisse aboutir, c’est celle de la lutte !! Sinon, préparez vous au salut militaire …à l’aplat-ventrisme devant le cadre et le bâton … et rêvez sur vos oreillers du gout de la liberté! !! » En conclusion, elle lance avec défi : « Nous militants on ne rêve plus… on veut la liberté, nous on lutte et on crève… la tête haute ! ».
Si Mira Mokhnache refuse de se taire, il y a des milliers de personnes qui sont placées sous ISTN. Plus de 200 prisonniers d’opinion croupissent derrière les barreaux sous des accusations inventées de toutes pièces. Inféodée au pouvoir, la justice est devenu un instrument répressif des libertés.
Yacine K.