L’ONG de défense des droits humains, Riposte Internationale s’indigne dans un communiqué rendu public ce vendredi contre l’interpellation de l’écrivain Boualem Sansal et les attaques en règle contre Kamel Daoud. Riposte Internationale rappelle le climat de traque des esprits libres, la censure, les interdictions visant notamment Koukou éditions.
La violence, l’intimidation et le harcèlement, notamment dans les ports et les aéroports, ainsi que la diffamation des militants et des intellectuels à travers des campagnes médiatiques unilatérales et mensongères,s’ajoutent aux arrestations systématiques.
Ces sinistres pratiques sont devenues les instruments privilégiés du régime algérien pour semer la peur et imposer le silence à une société algérienne pacifique, déjà éprouvée par l’inflation et les formes multiples de violence, d’humiliation et de mépris mises en place ces dernières années.
L’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal illustre cette systématique répression de la parole, de la pensée et de l’expression écrite. Ce précédent contre un écrivain de renommée internationale est une suite de la logique répressive que le régime applique avec cynisme depuis des décennies. Elle vise à étouffer toute les voix dissidentes et les esprits libres. Les orientations politiques ou idéologiques d’un individu, que nous les approuvions ou non, ne devraient jamais justifier la violence, l’emprisonnement ou toute autre forme de persécution. Mais, en Algérie, nous ne sommes pas dans un Etat de droit qui se respecte.
Agé de 75 ans, Boualem Sansal est de santé fragile. Aussi, Riposte Internationale tient le régime algérien pour responsable de la santé et de l’intégrité physique de ce détenu, comme au demeurant des quelque 200 détenus d’opinion qui croupissent dans les différentes prisons du pays.
Autre élément particulièrement gravissime. Les médias algériens, entièrement soumis à la domination de l’exécutif et à la police politique, orchestrent une campagne particulièrement virulente contre l’écrivain Kamel Daoud. Cette campagne, qui va jusqu’à attaquer l’honneur de sa famille, s’inscrit en dehors de tout cadre moral et bafoue le principe de présomption d’innocence.
Privé de toute opportunité de se défendre et d’exposer sa position, Kamel Daoud est victime d’une lynchage médiatique qui répond à une volonté de le salir. Les attaques répétitives le visant n’ont évidemment pas pour objectif de débattre de son oeuvre ou de ses prises de position. A Riposte Internationale, nous restons convaincus qu’une idée, quelle qu’elle soit, ne peut être combattue que par une argumentation ou une critique constructive, dans le respect des principes d’altérité et de dialogue.
Toutes les lieux possible de débats et d’expression libres sont fermés en Algérie. La presse est mise au pas. Le climat politique, social et culturel en Algérie est marqué par une impasse intégrale. Qu’il s’agisse des militant.e.s, des intellectuel.le.s ou des citoyen.ne.s, qui se voient privés de la liberté de créer sans crainte de censure ou de représailles. Les harcèlements et pressions que subit la maison d’édition Koukou démontrent parfaitement cette dérive autoritaire et l’étouffement progressif des derniers espaces de liberté dans le pays.
Face à cette situation préoccupante, nous exprimons notre inquiétude concernant l’état des droits humains, de la liberté d’expression et de création en Algérie. Riposte Internationale réaffirme par ailleurs son soutien au débat d’idées, y compris aux opinions divergentes, et dénonce fermement la campagne immorale dirigée contre Kamel Daoud et sa famille. Enfin, nous exigeons la libération immédiate de l’écrivain Boualam Sansal et de tous les détenus d’opinion.
Nous condamnons avec force les politiques répressives ciblant les intellectuel.le.s, les artistes et les créateurs en Algérie.
Pour le bureau de Riposte Internationale
Ali Aït Djoudi