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lundi 1 septembre 2025
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Artisans vs Chouyoukh de la révolution

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La mise au point de Nourredine Boukrouh vient à point nommé pour contrecarrer la poussée islamiste qui veux transformer nos valeureux Chouhadas en combattants pour la cause divine pour rendre hallal la sale guerre. 

Cette polémique est devenue récurrente ces dernières années. Il y a 11 ans Cheikh Chamseddine était monté au créneau pour dénoncer une scène du film l’Oranais, dans laquelle un Moudjahid sirote une gorgée de whisky. Cette polémique digne des temps reculés de la « djahilia » avait pris des proportions colossales, à l’image des pitreries auxquelles s’adonnait en permanence le prédicateur cheikh Chamseddine sur les ondes d’Ennahar TV.

Tout partait d’une scène du film L’Oranais dans lequel, semble-t-il, un moudjahid se réchauffe le gosier et le cerveau avec un petit whisky, certainement pour dissiper le brouillard spirituel et les petites pétoches ambiantes, moyen comme un autre d’avoir les idées claires tout en se donnant un peu de courage (il en fallait une sacrée dose !) avant de livrer bataille à l’ennemi. 

Et voilà que notre cheikh national s’emballe et monte au créneau pour affirmer que pendant la révolution, le moudjahid portait un fusil sous le bras et non pas une bouteille de whisky, comme pour recentrer le noble combat de nos valeureux moujahidine et le cantonner à un cadre strictement licite !? Faut-il pleurer, faut-il en rire ? Autant ne pas avoir le cœur à le dire, tant tel recadrage relève d’une légèreté des plus farfelues que seul un islamiste borné et inculte peut en atteindre une telle valeur absolue.

Il n’est pourtant pas difficile de comprendre qu’il faille parfois une petite dose de narcotique aux hommes pour revigorer et parfois estomper cette vaillance qui consiste à tuer leurs semblables de sang-froid, que ça soit en temps de guerre ou en temps de paix.

Pour s’entre-tuer, les hommes ont de tous temps eu recours à des stupéfiants pour amplifier leur bravoure. Si les uns ingurgitent des drogues concrètes softs, sous forme liquide, de fumée ou de « chemma », d’autres leurs préfèrent des drogues spirituelles dures, celles qui vous injectent dans le cerveau l’idée folle que tout être humain différent de vous est un ennemi potentiel à abattre.

Le but de ces gesticulations stériles est-il de déclarer la révolution hallal ou non-hallal 65 années plus tard ? Ya Chouyoukh ana3lou bliss, la révolution fut portée par des hommes avec un grand H.

Elle fut trop noble pour permettre à des benêts d’ainsi arbitrer de ses nobles trajectoires en voulant à tout prix leur enlever leur caractère universel en les réduisant à des ramifications de guerres saintes.

C’est dans ces instants de polémiques de société que nous voudrions voir nos opposants prendre parti et défendre l’honneur de ces moudjahidine qui ont préféré le verre de whisky aux sourates et « sirrat-el-moustakim », car parmi nos combattants, il n’y avait pas seulement ceux qui s’égosillaient de la formule consacrée des combattants d’Allah, il y en avait d’autres qui combattaient en silence, la rage au cœur pour arracher cette liberté que d’autres veulent confisquer, celle de pouvoir consommer son petit whisky partout sur nos terres, même dans les endroits jadis interdits « aux Arabes et aux chiens ». Mais ça, nos chouyoukh ne le savent pas ou feignent de l’ignorer.

Il y a pourtant deux témoins clés quant au rôle joué par les lieux de retrouvailles telles les brasseries « arabes » pendant la révolution : Ali Haroun de la fédération de France et Abdelaziz Bouteflika. Tous deux savent très bien que les bars, ceux des grandes villes de France notamment, avaient joué un rôle capital dans la collecte des fonds qui avaient servis à armer nos moudjahidine pendant les années de braise.

À la fin des années 50, l’émissaire spécial Bouteflika, il y a encore d’autres témoins vivants si Ali Haroun se débine pour le confirmer, faisait la tournée des brasseries pour récupérer l’argent récolté par les gérants algériens auprès de la communauté émigrée, bien pauvre à l’époque mais aussi bien consciente de la nécessité de sa participation à la lutte qui faisait rage au pays.

Pendant que Bouteflika faisait la tournée des bars de France pour renflouer les caisses du clan d’Oujda, la FLiN-toxerie, dans sa version locale, lançait des appels au peuple avec des interdits explicites concernant la consommation d’alcool.

Il me revient en mémoire une scène traumatisante pour l’enfant que j’étais, au début des années 1960 sur le boulevard Zirout Youcef, à proximité de l’APN : de jeunes adolescents, dont l’aîné ne devait pas dépasser 17, 18 ans, s’acharnaient sur un pauvre clochard ivre en le rognant de coups, le terrassant à terre en jubilant et criant « kilou batata ! kilou batata ! ….». Le plus dramatique, c’est que les passants, tous « arabes », semblaient apprécier le spectacle car personne n’était intervenu pour mettre fin au calvaire de ce pauvre malheureux.

Il est des vérités qu’il est urgent de rétablir : les combattants algériens qui ont donné leur vie pour le pays ne l’ont pas fait au nom de préceptes rétrogrades ou pour qu’un cheikh s’arroge le droit bien léger de faire porter l’exclusivité du combat contre l’oppresseur aux seuls combattants d’Allah. Cela est totalement faux, et il est grand temps de rétablir ces vérités que l’on cherche à noyer dans un moule trop étroit pour la grandeur et la noblesse du combat pour la liberté mené par nos vaillants moudjahidin.

Cette polémique a le mérite de montrer au grand jour la face hideuse de l’Algérie que veulent construire ces aliénés pour nos enfants. On se croirait revenu au temps des « yadjouze » ; « la-yadjouze » de Ali Belhadj et consorts qui ont précipité l’Algérie dans l’horreur !

À cet égard, il est temps que l’opposition épure ses positions et nous donne une image claire de l’Algérie qu’on veut nous proposer. Il n’y en a pas trente-six, il y en a deux, et elles sont diamétralement opposées ; celle de Ennahar TV avec ses Chamseddine incultes et grossiers et celle de cette presse libre et moderne post Tebboune avec ses Dilem et ses Labter instruits et pétillants d’intelligence. Vit’amine avait résumé l’affaire du whisky en un croquis paru dans le soir d’Algérie : « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première bière ! ». Jetez-nous donc toutes vos bières ! À vous toutes les rivières de vin qui coulent au paradis d’Allah.

Promis, juré, nous ne vous en réclamerons pas la moindre goutte, mais de grâce, ne vous mêlez plus de nos petites bières et des petits whiskies des moudjahidin sur Terre ! D’ailleurs ya Cheikh-soleil, faudrait peut-être expliquer à vos troupes que le vin des rivières qui coulent au paradis d’Allah est un vin qui ne saoule pas. C’est ce que nous appelons, ici-bas, du jus de raisin, « jus d’orange ta3 la3nab », pour être en phase avec le vocabulaire du terroir !  Quoique, il vaudrait peut-être mieux ne pas le leur expliquer pour éviter qu’ils se ruent sur nos bouteilles !

De quelle malédiction avons-nous donc hérité pour objecter en permanence tel degré d’arriération mentale ?

Kacem Madani

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1 COMMENTAIRE

  1. Quand on utilise le vocable moudjahid pour désigner le combattant, c’est que le jeu a été biaisé dès le début.
    Il était question de lkifah au début et non pas du djihad.
    Il faut avouer tout de même que quelque chose de malsain s’est greffé autour de ce soulèvement qui a glissé peu à peu vers un islamisme rampant et sournois.
    Il est vrai que idéologiquement, les islamistes ont remporté la guerre civile. Aujourd’hui, ils se sont imposés et veulent imposer leur dictat à la Dézédie et c’est normal !
    On les voit placer leurs ions par-ci et par-là. Ils ne s’en cachent plus! L’arabisation va une vitesse vertigineuse et l’islamisation n’ a plus besoin de recourir à la kalachnikov.
    Il suffit de voir chengriha lire ses papiers dans la langue de Quraych et encore Tebboune jurer pendant ses fameuses « rencontres » avec « la presse » et le porte parole du système l’innommable Aps…le décor est planté !
    Mais je ne comprends pas pourquoi, 33 ans après le début de la décennie noire, on parle toujours de terrorisme ?
    Une armée dotée d’armes ultras sophistiquées et de budgets colossaux ne réussit toujours pas a en finir avec cette histoire ? C’est une question mais tout le monde a compris ce qu’il s’y ai passé !
    Susem, ghur-k i d-teqared !

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