20 janvier 2025
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Assises nationales sur le cinéma : entre promesses et réalités du terrain

Les premières Assises nationales sur le cinéma se sont ouvertes dimanche 19 janvier au Centre international des conférences (CIC) d’Alger, en présence de Adelmadjid Tebboune. Cet événement de deux jours, censé insuffler un nouveau dynamisme au secteur cinématographique algérien, se déroule dans un contexte contradictoire entre les ambitions affichées du gouvernement et les préoccupations des professionnels du secteur.

« Vous êtes libres de proposer et de créer. Notre rôle est de vous soutenir et de vous accompagner dans vos ambitions « , a fanfaronné Abdelmadjid Tebboune lors de son discours d’ouverture. Pourtant, sur le terrain, la situation est préoccupante : restriction persistante des libertés individuelles et collectives. Mais qui va croire une telle déclaration ? Comment celui qui interdit l’expression libre, impose la censure comme mode de gouvernance puisse aujourd’hui soutenir la création cinématographique ?

Depuis les manifestations populaire du Hirak en 2019, le régime de Tebboune-Chanegriha s’illustre par une répression systématique des voix dissidentes ainsi, les journalistes et les opposants politiques continuent d’être emprisonnés sous des prétextes fallacieux et la quasi disparition de médias indépendants.

Dans ce contexte, nous le redisons, comment imaginer qu’une liberté créative puisse émerger ? Il y a là encore comme une entourloupe. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. C’est inéluctable.

Quelques éléments. Le contrôle sur la production culturelle s’est considérablement resserré également. Depuis mars 2024, un arsenal juridique répressif permet aux autorités d’emprisonner les auteurs de toute œuvre jugée attentatoire aux « valeurs nationales et islamiques » ou à « l’ordre public », des notions suffisamment vagues pour justifier une censure étendue.

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Plusieurs cinéastes ont vu leurs œuvres empêchés de sortir ou censurées, à l’instar de Bachir Derrais pour son biopic sur Larbi Ben M’hidi, ou de Mounia Meddour pour « Papicha ».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le parc de salles de cinéma, autrefois florissant, se trouve aujourd’hui dans un état lamentable, la plupart des équipements ne répondant plus aux standards internationaux. La production nationale a disparu des festivals, freinée par des mécanismes de financement opaques et également par la censure et l’incompétence des autorités en charge du secteur.

Les financements publics, quand ils sont accordés, suivent des circuits peu transparents. Pour ne pas dire clientélistes. Ou idéologiques. On en est encore à un énième film sur l’émir Abdelkader, comme si les 2000 ans de l’histoire de l’Algérie se résumait à ce personnage qui a, un temps, lutté contre la colonisation française.

Les productions indépendantes, particulièrement celles abordant des sujets sensibles comme la critique sociale ou les libertés individuelles, peinent à trouver des soutiens institutionnels.

L’autocensure est devenue monnaie courante dans le milieu. Pour survivre, certains créateurs préfèrent adapter leur discours aux attentes officielles, au risque d’appauvrir le contenu artistique de leurs œuvres.

Face à ces contraintes, nombreux sont les professionnels qui voient dans ces Assises qu’une simple opération de communication. Mais sans une véritable liberté créative et des moyens conséquents, comment peut-on espérer voir émerger un cinéma algérien dynamique ? »

Les Assises se poursuivront demain, reste à voir si les recommandations qui en émaneront pourront véritablement influencer la politique culturelle. Ces Assises auront été, au mieux, une énième tentative maladroite de rassurer les professionnels du secteur. Une fumesterie. Un énième raout qui finira aux oubliettes, comme toutes les promesses faites par Tebboune et ses bateleurs.

Il y a de cruelles réalités que personne n’ignore et sans lesquelles on ne peut rien bâtir. Au-delà du cinéma, c’est toute la société algérienne qui est privée de sa voix. Une société qui étouffe chaque jour un peu plus pendant que l’ancien monde périclite partout. C’ar ‘est aussi dans ce pays qu’on appelle l’Algérie que l’on emprisonne hommes politiques, journalistes et opposants. La liberté créative restera un rêve inaccessible… pour le moment.

Rabah Aït Abache

2 Commentaires

  1. Posons-nous la simple question du pourquoi, après 63 ans d’indépendance, PAS UN SEUL FILM n’a été produit sur des symboles historiques de la révolution, tel que BEN BOULAID, ABANE, KRIM, LOTFI, AMIROUCHE, HASSIBA et bien d’autres de leurs compagnons tombés en sacrifice pour ce pays ? De Boumedienne à ce jour, RIEN ! Le vide sidéral !
    Sous d’autres cieux plus reconnaissants et fiers de leurs enfants, des dizaines de longs métrages ont été ou seront tournés.
    Est-ce le poids, le sacrifice et l’amour que leur porte le peuple, bien que le système qui gère en ’boutique propre’ ce pays a tout tenté pour faire oublier nos héros, qui fait encore trembler cette engeance ? Demain dira.

  2. Quelles « assises » quand tous les cinémas sont fermés dans toutes les grandes villes et remplacés par des mosquées ?
    Arretez votre khorti !
    Même la comédie ne vous va pas !

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