De l’horizontalité aveuglante du pouvoir à la verticalité oppressante des décisions avec lesquelles la culture est gouvernée dans le pays. Bel Horizon, une association citoyenne pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine oranais, subit les foudres de la répression et de la régression au service de l’aliénation idéologique et de l’obscurantisme.
Bel Horizon, au-delà de sa mission civilisatrice, solidement ancrée dans le paysage culturel oranais, ce sont d’abord des femmes et des hommes qui l’animent et qui sont animés par l’amour du pays, de son patrimoine, de son identité séculaire, de ses innombrables possibilités et potentialités culturelles, naturelles et historiques.
Le fort de Santa Cruz a été sorti des méandres de l’histoire de la ville d’Oran par l’association Bel Horizon. Le vieux bâtis d’Oran, longtemps laissé en décrépitude, méprisé et même vilipendé par des mains pas si étrangères que le système veut bien nous faire croire, a été sorti de l’oubli et du déni culturel grâce aux jeunes guides volontaires de Bel Horizon.
Du plus vieil édifice implanté dans le centre historique de la ville au plus petit recoin d’un sentier ombragé ou d’une sculpture finement taillée, Bel Horizon a jeté un œil vrai et bienveillant sur ce dont souffre la ville d’Oran : l’abandon et le mépris du patrimoine séculaire de la ville.
Bel Horizon, c’est aussi ce mouvement du vivant qui a su former une jeunesse fière de son patrimoine, de sa ville, de son histoire. Une jeunesse tournée vers l’avenir tout en étant consciente de ce qu’elle est, de ce qui a façonné la mémoire et l’histoire collective de tant de générations et d’époques d’avant, et qui voit dans la préservation et la restauration de ce patrimoine, la possibilité d’une Algérie résolument tournée vers le monde universel de demain.
Bien sûr, pour justifier la mise sous scellés de l’association, le pouvoir accuse la main de l’étranger. Encore cette main, moult fois cette main qui se mêle des affaires du pays et qui fait subir aux âmes les plus patriotiques et citoyennes tous les impayés d’un système réactionnaire qui, en réalité, n’aime pas le pays, ne l’a jamais aimé et ne l’aimera jamais.
Cette main n’a rien d’étrange ni d’étranger, elle est le prolongement d’un système aussi vieux que le patrimoine culturel, matériel, immatériel et historique qu’il veut faire taire. La main de l’étranger, c’est cette nouvelle Algérie qui ne regarde devant elle que pour construire un avenir politisé par le mensonge d’État, meurtrie par toutes ces voix dissonantes de la régression sociale. C’est l’amnésie qui plonge le devenir du pays dans les méandres de l’acculturation et du déni identitaire. La main de l’étranger, c’est l’Algérie des iniques qui prospère au détriment de l’Algérie des vaillants qui meurt.
Ce sont là les vraies raisons qui poussent le pouvoir à mettre sous scellés une association qui a relevé de ses cendres un patrimoine longtemps ignoré, longtemps vilipendé. Quand le patrimoine est ressuscité, c’est l’histoire qui est assumée.
Mais décidément, l’histoire que Bel Horizon assume n’est pas inscrite dans « la nouvelle Algérie » de Tebboune. C’est une histoire qui n’a nullement besoin du Hirak pour mobiliser, puisqu’elle est le mouvement dans ce qu’il a de plus vivant en lui.
Mohand Ouabdelkader
Le président de Bel Horizon Kouider Metair s’exprime