Samedi 21 mars 2020
Au sujet de « Saïd Sadi et l’histoire »: ne faisons pas fausse route
Saïd Sadi.
Je viens de lire ta réaction cher Boukhalfa Ben Mamar, principalement orientée sur les échanges entre le Dr Saïd Sadi et le mouvement Rachad mais pas uniquement. Je me permets de te faire les remarques amicales suivantes même si ça ne s’y prête pas vraiment vue la situation tragique que vit l’Algérie.
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C’est une polémique de plus dans les rangs des démocrates en général, des Kabyles en particulier et de toutes celles et ceux qui ont pris ou repris le flambeau de la lutte pour une société algérienne apaisée et débarrassée du fanatisme religieux. Les rangs dont tu fais partie et que tu honores dignement.
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Tout ton propos semble défendre les acteurs du mouvement Rachad dont les visées anti-amazighes sont totalement claires, j’ai eu à le vérifier sur les plateaux d’Al-Magharabia chaîne qui nous a permis, avec une neutralité totale, de confronter nos idées. Pour la démocratie, il va falloir aussi, pour les défendre, qu’ils nous disent clairement ce qu’ils considèrent être comme fondamentaux de celle-ci. Par exemple leur position sur tamazight, sur l’égalité homme-femme, sur la séparation du religieux du politique, sur le fédéralisme, etc.
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Tu reprends à ton compte les allégations des islamistes radicaux et de certains anti-Kabyles contre Sadi notamment sur ses liens prétendus avec le DRS, ses financements supposés, sa résidence en France et tutti quanti… D’abord cela ne correspond pas du tout à Boukhalfa le rigoureux et probe que je connais. Ensuite, je connais la situation de Saïd Sadi qui habite aujourd’hui chez sa fille. Il peut avoir fait des erreurs comme nous tous, avoir tous les défauts du monde mais sûrement pas celui d’être vénal ou mercenaire. Ces amis de 1980 peuvent en témoigner. Eux le connaissent vraiment.
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Je suis coupé du Dr Saïd Sadi depuis 1993 mais j’ai toujours estimé comme beaucoup de démocrates que l’ennemi ce n’est pas lui. Nous devons diriger nos flèches ailleurs et il y a malheureusement fort à faire sur ce registre.
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Tu sembles avoir écrit cet article en toute hâte étant donné les nombreuses erreurs de style et syntaxe. La précipitation n’est pas bonne conseillère. Je ne souhaite pas que tu donnes une mauvaise image de toi, on a besoin de toi comme plier parmi les piliers avec une réflexion sereine et dotée de recul.
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Je me suis permis ces remarques parce que j’ai beaucoup d’estime pour toi et je ne souhaite pas te voir servir indirectement les intérêts de nos adversaires, je sais pertinemment que ce n’est pas ton dessein. Nous avons fort à faire déjà pour poursuivre dans l’union, la lucidité et la bienveillance notre cheminement démocratique aussi modeste soit-il. Très franchement, c’est un article polémique, il ne reflète ni ton tempérament, ni ton niveau, ni notre stratégie commune. Je ne suis pas sûr qu’il faille le faire figurer parmi tes contributions d’habitude mesurées. Ne faisons pas fausse route, ne donnons pas du grain à moudre aux islamistes radicaux. Ils ne sont pas dans la religion, encore moins dans la spiritualité. Ils sont idéologues et savent instrumentaliser l’islam à des fins partisanes. Et ils ne s’en gênent pas. Par ailleurs, ils sont tout à fait capables de régler eux-mêmes les problèmes nés de leur confrontation armée avec les généraux de 92 même si le contexte du Hirak nous réunit aujourd’hui pour combattre ensemble les généraux d’aujourd’hui. Y ‘en a marre que nous, amazighs, nous soyons toujours les petits soldats des gens qui sont loin, très loin d’être des enfants de chœur. Et à vouloir être ces petits soldats, on finit dindons de la farce. Je te redis toute mon amitié et trouve dans ce message une préoccupation amicale, une modeste mise au point, rien d’autre. Pour rappel, j’ai quitté le RCD en 1993. Dans cet échange, je n’ai aucun esprit partisan. Puisse l’Algérie échapper aux esprits maléfiques qui la hantent !