Sous le règne du chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune et le général-major Saïd Chanegriha, l’Algérie s’enfonce inexorablement dans une spirale de répression politique et de verrouillage de l’espace civique. Une chape de plomb écrase le peuple. Le désespoir ronge toutes les couches de la société.
L’année 2025 marque un tournant particulièrement sombre, avec une intensification des arrestations arbitraires et un durcissement autoritaire du régime, alors que la société civile tente de faire entendre sa voix face à une crise socioéconomique persistante.
250 prisonniers d’opinion au bas mot et le peuple du Hirak réduit à la figuration et au silence. Même des soutiens les plus zélés du système en place sont mis derrière les barreaux, comme le général Haddad, alias Nasser El Djen, Farid Bencheikh et toute une brochette de généraux qui ont servi les errements du pouvoir en place. C’est dire que personne n’est à l’abri d’une descente aux enfers dans « la nouvelle Algérie » de Tebboune (80 ans).
Un autoritarisme consolidé
Le régime de la diarchie Tebboune-Chanegriha a renforcé son autorité ces derniers mois. La mascarade électorale qui a permis à Abdelmadjid Tebboune en septembre 2025 d’avoir un 2e mandat illustre les mystifications du système en place. Un climat insoutenable de musellement des médias et de la parole couplée à une absence de véritable débat démocratique sur les grandes questions nationales enfoncent le pays dans une crise de confiance inédite.
Les lois répressives, notamment les dispositions antiterroristes, sont systématiquement utilisées contre toute forme de dissidence, qu’elle soit politique, associative ou journalistique.
La militarisation accrue du pouvoir, incarnée par le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, a accentué la centralisation et la fermeture du système politique. Cette consolidation autoritaire s’accompagne d’une érosion continue des libertés publiques et d’un rejet massif du système par la jeunesse et la société civile.
La répression de la contestation pacifique
En 2025, à l’approche du sixième anniversaire du Hirak, la répression s’est accentuée : au moins 23 militants, journalistes et défenseurs des droits humains ont été arrêtés ou condamnés pour leur soutien à des mouvements de protestation en ligne, comme « Manich Radi » (« Je ne suis pas satisfait »), qui dénoncent la restriction des droits fondamentaux et la dégradation des conditions de vie.
La stratégie du régime vise à étouffer toute forme de militantisme, en surveillant même les réseaux sociaux. Combien d’Algériennes et d’Algériens arrêtés pour un post sur Facebook ? Les personnes arrêtées sont souvent accusées de « diffusion de fausses informations », « atteinte à l’intérêt national » ou « incitation à la haine », des chefs d’inculpation vagues qui permettent de criminaliser l’expression pacifique d’opinions dissidentes.
Arrestations massives et climat de peur
Maintenir le statu quo voire entretenir la paralysie du pays coûte que coûte au risque même d’une explosion sociale. Le bilan des arrestations depuis janvier 2025 est édifiant : 109 citoyens ont été arrêtés, 47 placés en garde à vue et 37 en détention provisoire. Parmi eux figurent des journalistes, des artistes, des influenceurs et des intellectuels, comme l’écrivain Boualem Sansal, condamné à 5 ans de prison. Trois candidats à la dernière mascarade présidentielle, dont la femme d’affaires Saïda Neghza sont aussi condamné à 4 ans de prison.
Des universtaires comme Mira Mokhnache sont placés en détention depuis plusieurs mois. Les procès se déroulent souvent sans garanties pour la défense, dans un climat de peur et de censure généralisée.
Les ONG internationales, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, dénoncent une « répression implacable » et une criminalisation systématique des défenseurs des droits humains. Elles alertent sur l’érosion constante des droits fondamentaux et la création d’un climat de terreur destiné à dissuader toute contestation.
Un avenir incertain
Face à cette dérive autoritaire, la société algérienne demeure traversée par une profonde frustration et une colère latente pour le moment contenue. Si la répression parvient temporairement à contenir la contestation, elle ne fait qu’alimenter le ressentiment et le désir de changement. Le Hirak, bien que réprimé, reste une force vive susceptible de resurgir à tout moment, portée par une jeunesse en quête de libertés et de perspectives.
Cette fuite en avant du régime risque, à terme, de provoquer de nouvelles vagues de contestation et d’instabilité.
Rabah Aït Abache