24 novembre 2024
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Bachir Derraïs : «On m’accuse d’avoir porté atteinte aux symboles de la révolution »

Le biopic « Ben M’hidi » interdit

Bachir Derraïs : «On m’accuse d’avoir porté atteinte aux symboles de la révolution »

Le réalisateur Bachir Derrais au milieu d’acteurs du film Ben M’hidi.

Le film Ben M’hidi » de Bachir Derrais est interdit de projection en Algérie et à l’étranger.  Un courrier signé d’un « administrateur qui n’a même pas vu le film» a imposé son imprimatur contre le film. 

Ce biopic qui retrace la vie militante de Larbi Ben M’hidi qui a coûté 4 millions d’euros ne sera pas pour l’heure vu par les millions d’Algériens qui l’attendent. 

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Son réalisateur est atterré par cette décision de la commission de visionnage du ministère des Moudjahidine. Dans un entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique, Bachir Derrais explique les derniers développements.

Il explique que « la commission conteste certaines scènes et me reproche de ne pas avoir mis l’accent sur la vie et le parcours de Larbi Ben M’hidi. Elle estime que la partie consacrée à son enfance est trop courte. Elle juge que le côté politique de ce biopic prend plus de place que le volet de la lutte armée. Elle estime en outre que le film n’a pas suffisamment mis l’accent sur les scènes de guerre et sur les atrocités commises par l’armée française. Elle n’a pas non plus apprécié que le film évoque les désaccords entre les chefs historiques du Front de libération nationale (FLN), ainsi que la guerre de leadership qui avait opposé d’un côté Ahmed Ben Bella et la délégation extérieure et de l’autre Larbi Ben M’hidi, Abane Ramdane et le CCE (Comité de coordination et d’exécution) ».

Le réalisateur affirme que la commission l’accuse d’avoir porté atteinte aux symboles de la révolution.  Puis  de s’enflammer : « C’est totalement surréaliste. On fait le procès d’une œuvre cinématographique qui repose entièrement sur les écrits et les témoignages de ces mêmes chefs ainsi que sur les récits de témoins directs dont les livres se vendent librement en Algérie ».
Si l’on en croit le réalisateur, la commission lui reproche pourquoi il n’a pas montré les tortures qu’aurait subies Ben M’hidi. Seulement le réalisateur renvoie la commission aux historiens. Aucun élément n’atteste que Ben M’Hidi a subi des tortures durant sa captivité. Tous les témoignages des militaires français qui ont pris part à son arrestation, à sa détention et à son exécution attestent qu’il n’a pas été soumis à la torture. (…) »

Ajoutant : «Je ne peux tout de même pas inventer un épisode de la révolution algérienne qui n’a pas existé. Si la commission possède des documents historiques qui attestent des faits de torture sur Ben M’hidi, je suis prêt à les consulter et en prendre compte. »

Bachir Derraïs reste ouvert et affirme être disposé à rencontrer des historiens pour débats et visionnage du film : « Je suis totalement disposé à organiser des projections au profit d’historiens et de chercheurs reconnus, tels que Daho Djerbal, Abdelmadjid Merdaci, Mohammed Harbi ou encore Benjamin Stora, pour qu’ils répondent avec des faits avérés à ces prétendues réserves. »

Devant la tournure qu’a pris cette censure, le réalisateur subodore que le film sera soumis pour visionnage aux autorités politiques du pays. 

Puis de pilonner cette obscure commission de censure dont la composante reste le secret le plus gardé du ministère des Moudjahidine. «Cette instance fonctionne comme une commission de bureaucrates qui décident de la vie ou de la mort d’un film», s’indigne le réalisateur qui ne baisse pas les bras pour mener à bout son film et le montrer aux cinéphiles.

Auteur
Yacine K.

 




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