Vendredi 11 janvier 2019
Basques, Rifains et Kabyles autour d’un échange d’expérience à Tanger
Un séminaire sur le thème de la revitalisation linguistique réunira, à partir de vendredi 11 janvier, Basques, Rifains et Kabyles dans un rencontre autour d’un thème central : la revitalisation linguistique et ses implications pour les cultures et langues en phase de transition de l’oralité à l’écrit.
L’organisation du séminaire se déroule dans le cadre du programme de Coopération linguistique de l’ONG basque Garabide (www.garabide.eus), spécialiste des processus de revitalisation linguistiques, notamment dans les pays d’Amérique centrale.
À l’initiative de berbérisants établis en Espagne, cette expérience de coopération a pu Être étendue aux Berbères d’Afrique du Nord. Un premier essai de formation de jeunes agents culturels avait déjà permit de former la première experte rifaine en revitalisation linguistique. La recherche préalable d’un candidat kabyle ou pour d’autres langues berbères n’avait pas donné de résultat en raison notamment de l’handicap linguistique.
Cette première expérience qui regroupe du 11 au 14 janvier 2019, Basques, Rifains et Kabyles se fait donc dans la perspective d’un échange entre les acteurs culturels et linguistiques des trois peuples et représente une véritable première dans la coopération Sud-Sud (Rifain-kabyle) et Nord-Sud (Basque-Rifains-Kabyle).
Le programme de la rencontre prévoit la participation d’une délégation de jeunes kabyles, issus du champs militant mais loin des feux de la rampe et des projecteurs. Point de stars n timmuzɣa dans cette rencontre qui sort des pratiques habituelles avec ses cortèges « d’experts » et de « spécialistes » autoproclamés, pour s’intéresser dans ce cas aux militants du terrain et le travail effectif au quotidien.
Pour cette raison, et pour donner une idée de l’avancée du processus de revitalisation linguistique mais aussi des problèmes que rencontre la prise de conscience kabyle, de jeunes activistes culturels et linguistiques ont été conviés pour partager avec leurs frères de lutte rifains et basques leurs expériences. Chacun dans son champs respectif, les participants vont également explorer de nouvelles perspectives de coopération, joindre leurs efforts et partager leurs rèves de voir se réaliser leurs aspirations à vivre de et par leur culture comme tous les peuples et toutes les nations du monde.
Le séminaire s’articulera autour de différents thèmes qui auront tous comme point commun l’usage du kabyle dans la revitalisation linguistique et culturelle et la réflexion sur la manière de l’introduire dans tous les domaines de la vie et de « normaliser » ses fonctions comme véhicule naturel de communication dans l’espace kabyle.
Parmi ces sujets, seront traités la présence effective ou souhaitée dans les institutions nationales et internationales, dans les réseaux associatifs, les cafés littéraires, les moyens de communications, dans l’enseignement, dans les mairies et représentations étatiques et surtout dans le domaine des nouvelles technologies comme l’internet et la manière d’investir dans un domaine d’avenir aussi porteur que la localisation et les projets de traitement automatique des langues.
Une introduction générale aux évolutions du mouvement kabyle sera assurée, par un spécialiste en études berbères de l’université de Cádiz.
La rencontre se déroulera dans les locaux de l’association Massinissa en collaboration avec des membres de l’association Forum de Femmes du Rif (Alhoceima).
Le choix des dates de cette rencontre n’est pas fortuit. En effet, coïncidant avec les fêtes de Yennayer, le séminaire de Tanger sera une excellente occasion de retrouvailles et de partage de joie et de moment de communion entre membres des communautés rifaines, kabyles et basques. Une grande fête sera prévue à cette effet.
Enfin, un des objectifs ultimes de cette rencontre est de sortir avec d’autres projets de coopération entre ces groupes. Ainsi la prochaine rencontre devrait se dérouler en Kabylie, dans la mesure bien sûr, où nos chères autorités, puissent le permettre, mais là, c’est une autre chanson !
Je ne terminerais pas, bien entendu, sans exprimer mes profonds remerciements aux amis basques de Garabide qui ont généreusement financé la rencontre et surtout pour son engagement à accompagner les Amazighs dans leur aspirations.