Jeudi 26 mars 2020
Belaïd Abane : « Il y a un air de régression barbare en Algérie »
Notre pays régresse tragiquement. Ce qui est arrivé à Karim Tabbou en est une preuve irréfragable.
Sous le coup d’une convocation impromptue devant le juge au petit matin, et en l’absence de ses avocats, Karim Tabbou fait un accident vasculaire cérébral constitué qui lui paralyse l’hémiface, le bras droit et un peu la jambe droite. Il est hautement probable que ses capacités de langage aient été également atteintes, ce qui explique du reste son mutisme devant le juge.
Dans cette affaire, ce dernier a commis une double faute dont il aura un jour ou l’autre à répondre :
1- Vu la détérioration brutale de l’état de santé de Karim Tabbou, la seule chose a faire était d’appeler en urgence une équipe médicale et d’évacuer le malade vers un service où il peut recevoir les soins intensifs que nécessite son état. Le juge a dérogé à la sacro-sainte règle de l’assistance a personne en danger car Karim Tabbou était en réel danger de mort, les suites d’un AVC étant généralement imprévisibles.
2- Dénué du moindre réflexe d’humanité à l’égard d’un homme politique qui n’a ni volé ni tué mais opposant au système, le magistrat juge et condamne un homme écrasé brutalement par une maladie, elle-même causée par un procès dont le moins qu’on puisse dire est qu’il était truffé de vices de formes.
Notre pays a-t-il besoin d’une telle violence en cette période exceptionnellement difficile qui a vu son peuple uni dans la discipline pour faire face à une menace sanitaire majeure?
Il y a comme un air de régression barbare au pays d’Algérie.
B.A.
Ce texte est un post envoyé par le Dr Belaïd Abane sur l’affaire Karim Tabbou.