Belgiques, la collection de recueils publiée par Ker éditions, propose à chaque numéro un voyage singulier au cœur de l’identité belge.
Chaque ouvrage, entièrement confié à un auteur unique, explore les multiples dimensions de ce pays : son histoire, ses légendes, ses traditions, ses personnages emblématiques ou encore ses paysages. Pour ce volume, Philippe Remy-Wilkin s’est lancé dans une ambitieuse entreprise : raconter la genèse et l’évolution de la Belgique à travers les événements marquants qui ont forgé sa singularité.
Pour enrichir cette exploration, il a imaginé un dialogue audacieux avec le Follet, l’esprit de Jacques De Decker, écrivain, penseur, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique et directeur de la célèbre revue Marginales disparu en 2020. Ce personnage fantasmé, vif et sagace, intervient après chaque épisode pour confronter l’auteur, pesant l’importance de chaque événement évoqué. Ainsi, histoire et mémoire s’entrelacent dans une conversation captivante qui donne au récit une dimension à la fois poétique et réflexive.
Dès les premières pages, Philippe salue la vision lumineuse de Jacques De Decker, qu’il décrit comme un gardien de la belgitude – cet alliage subtil de contradictions, d’héritages et de fierté qui définit si bien l’âme belge. Il commence son récit là où tout a débuté : sur les terres des anciens Gaulois, dans cette province qui deviendra la Wallonie, berceau d’une tribu fondatrice.
Les chapitres s’enchaînent, mêlant ombres et lumières. Il n’élude pas les épisodes sombres, comme l’affaire des Hosties sanglantes, un rappel saisissant des ravages de l’intolérance ancrée dans les siècles. Mais il célèbre également les splendeurs de ce pays : les chefs-d’œuvre des peintres flamands, dont l’éclat a rayonné dans toute l’Europe, ou encore la bravoure de Christine de Lalaing, héroïne des luttes religieuses qui ont façonné les divisions entre provinces catholiques et protestantes.
Le regard de Philippe Remy-Wilkin se pose aussi sur des temps plus récents, lorsqu’un souffle d’innovation et de créativité parcourait la Belgique. Il parle de la naissance d’une culture nationale belge, l’ouverture de la première école d’institutrices à Tournai, ou encore les exploits sportifs qui transcendent les clivages. Pour ma part, des noms de clubs de foot belges résonnent toujours dans ma tête, alors que je m’y connais si peu en football, comme le Standard de Liège, RSC Anderlecht ou l’Union Saint-Gilloise. Je ne peux pas passer sous silence Eddy Merckx le Cannibale qui a tout raflé, Jacky Ickx ou Paul Van Himst.
Ce récit est aussi une invitation à la rencontre. Les Habsbourg et les grands noms belges se mêlent dans un panorama où éclate la richesse culturelle d’un pays souvent sous-estimé. La Belgique, comme toute nation, porte les cicatrices de ses erreurs – notamment l’épisode colonial au Congo, que l’auteur aborde avec justesse –, mais elle brille aussi par ses réussites. À travers cet ouvrage, Philippe Remy-Wilkin défait les complexes inutiles et met en lumière un territoire où le génie s’épanouit à chaque coin de rue. Et de génies, il y en a eu dans ce minuscule pays, par la géographie mais grand par sa position et grand par ses talents.
Pour la bonne bouche, je me contenterai juste de quelques noms alors qu’il y en a tellement : Audrey Hepburn, l’actrice bien connue, Adolphe Sax l’inventeur du saxophone, René Magritte l’artiste surréaliste et le chanteur Stromae.
Comme le chantait si bien le Grand Jacques, le talent fleurit sous le ciel gris du Plat Pays, et Philippe Remy-Wilkin nous le rappelle avec éclat et tendresse.
Kamel Bencheikh
Grand merci pour cette belle lecture, Kamel Bencheik !
Sans oublier j c Van Damme…, ou encore les frittes, les gaufres, Tintin et professeur tournesol,… mais ça va faire trop pour « ce minuscule pays » par sa géographie !que les frérots sont entrain de grignoter.