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dimanche 19 octobre 2025
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Belkhadem et la levée de la limitation des mandats : plaidoyer personnel ou signal venu d’en haut ?

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La déclaration n’a rien d’anodin. À travers un entretien accordé au quotidien El Khabar, l’ancien Premier ministre Abdelaziz Belkhadem, figure politique incontournable de l’ère Abdelaziz Bouteflika, a ravivé un débat sensible que le pouvoir politique algérien avait soigneusement maintenu dans les coulisses : celui de la limitation des mandats électifs.

Sous des airs de réflexion institutionnelle, l’ancien secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) a ouvert une brèche dans un dossier que l’on croyait clos — ou du moins étouffé dans les salons feutrés d’Alger.

Derrière les mots mesurés, le message subliminal est limpide : la limitation des mandats n’est pas un dogme intangible et pourrait faire l’objet d’une révision. En insistant sur le droit des électeurs à reconduire les représentants qu’ils jugent compétents, Belkhadem ne s’exprime pas seulement en ancien responsable d’État, mais aussi en homme politique rompu aux logiques du pouvoir.

Un retour au scénario de 2008 ?

L’épisode rappelle à bien des égards l’année 2008, lorsque Belkhadem, alors dirigeant influant du FLN et proche du cercle présidentiel, avait joué un rôle central dans la révision de la Constitution, ouvrant ainsi la voie, dans des conditions scandaleuses, à un troisième mandat pour Bouteflika. Aujourd’hui, son intervention sonne comme une réplique presque parfaite de cette séquence : préparer l’opinion à une éventuelle révision constitutionnelle qui ouvrirait la voie à un exercice quasi monarchique du pouvoir présidentiel.

La question se pose alors avec acuité : Belkhadem plaide-t-il sa propre cause dans l’espoir d’un retour sur la scène politique, ou agit-il comme poisson pilote d’une initiative qui sourd en haut lieu ? Autrement dit, l’ancien Premier ministre teste-t-il le terrain pour un scénario qui permettrait à Abdelmadjid Tebboune (80 ans) de briguer un troisième mandat, lui qui avait pourtant été l’artisan du renforcement de la procédure de la limitation des mandats dans la Constitution algérienne, révisée en 2020 (promulguée le 30 décembre 2020).

La nouvelle mouture du texte spécifie alors que le Président de la République est élu pour un mandat de cinq (5) ans. Il est rééligible une seule fois, consécutive ou séparée. (Article 88, alinéa 2). Cette révision a donc précisé que la limitation à deux mandats s’applique que les mandats soient consécutifs ou séparés, ce qui renforce le verrou constitutionnel contre une présidence à vie.

De plus, la révision de 2020 a également étendu cette limitation à deux mandats consécutifs ou séparés pour les membres du Parlement, qu’il s’agisse des députés ou des sénateurs. Cette disposition a eu une traduction concrète sur le terrain politique, notamment avec le départ de Salah Goudjil de la présidence du Sénat à l’issue de ses deux mandats, illustrant ainsi l’impact direct de cette mesure sur les équilibres institutionnels.

Un débat soigneusement gardé en réserve

La question de la révision de la Constitution autour des mandats n’a jamais totalement disparu de l’agenda politique. Elle restait cependant confinée à des cercles restreints, là où se décident souvent les grandes inflexions de la vie politique algérienne. En l’abordant publiquement, Belkhadem fait sauter un verrou symbolique et ouvre la voie à d’autres prises de parole.

Ce qui pourrait passer pour une simple opinion personnelle revêt, dans le contexte algérien, une dimension politique bien plus lourde. Car dans ce type de séquence, les « éclaireurs » — souvent des figures du passé politique — sont mobilisés pour préparer les esprits et mesurer les réactions.

Tebboune et l’ombre d’un troisième mandat

Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui a bâti une partie de sa légitimité sur la rupture avec les pratiques de l’ère Bouteflika, pourrait voir dans cette ouverture une opportunité stratégique. Officiellement, aucune déclaration ne laisse entendre qu’il souhaite se représenter au-delà des deux mandats prévus. Officieusement, son entourage politique multiplie les signaux ambigus.

Belkhadem, en lançant le débat à ce moment précis — à moins d’un an des législatives et à l’approche d’un nouveau cycle présidentiel —, joue un rôle qui n’est pas neutre. Son discours pourrait bien servir de ballon d’essai à une initiative plus structurée, venant d’en haut, et visant à tester la température de la scène politique et de l’opinion publique, dans un contexte où ces dernières restent largement contenues et n’ont réellement pas voix au chapitre.

Retour vers le futur ?

Ce retour en scène d’un ancien poids lourd du système Bouteflika a un goût familier. Le scénario est connu : ouvrir le bal par des déclarations « techniques », en se prévalant d’une expertise institutionnelle, laisser la polémique enfler, puis acter le changement au nom de la « souveraineté populaire ». Derrière le langage institutionnel se dessine une dynamique politique visant à ajuster les règles du jeu au profit du détenteur du pouvoir du moment.

Abdelaziz Belkhadem, loin d’être une voix isolée, apparaît ainsi comme l’un des premiers maillons d’une mécanique qui rappelle les années où la Constitution était façonnée au gré des ambitions présidentielles. Et si l’histoire ne se répète pas toujours à l’identique, elle rime souvent…et, parfois, elle en arrive a bégayer.

La rédaction

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1 COMMENTAIRE

  1. Le peuple algérien ne veut même pas que Tebboune finisse son mandat. Les algériens et les algériennes ne rêvent que d’une chose : le départ immédiat de Tebboune et Chengriha et des gangs mafieux qui les entourent, à commencer par Mohamed Tebboune et Chafik Chengriha.

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