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mardi, 11 novembre 2025
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Berlin s’en mêle : Steinmeier appelle Tebboune à gracier Boualem Sansal

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Le président allemand Frank-Walter Steinmeier est sorti de sa réserve ce lundi 10 novembre en adressant un appel solennel à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Comme Alger ne peut plus parler à Paris, c’est Berlin qui prend les choses en main.

Dans un geste diplomatique rare, le chef de l’État allemand a demandé à Alger d’accorder la grâce présidentielle à l’écrivain Boualem Sansal, détenu depuis près d’un an, et a proposé que ce dernier soit transféré en Allemagne pour y recevoir des soins médicaux.

« Un geste humanitaire », a plaidé Steinmeier, soulignant l’âge avancé de l’auteur franco-algérien, 76 ans, et son état de santé jugé fragile. Derrière cette initiative, c’est une double dimension — politique et morale — qui se dessine : celle d’un écrivain malade devenu, malgré lui, le symbole d’une crise diplomatique majeure entre Alger et Paris, mais aussi celle d’une personnalité intellectuelle dont la détention choque une partie de l’opinion européenne.

Une condamnation lourde de sens

Arrêté le 16 novembre 2024 à Alger, Boualem Sansal a été condamné en appel, le 1er juillet dernier, à cinq ans de prison ferme pour « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué » et « possession de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ».

La justice algérienne lui reproche notamment une interview accordée au média français d’extrême droite Frontières, dans laquelle Boualem Sansal soutenait que l’Algérie aurait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant au Maroc. Ces propos avaient provoqué une vague d’indignation à Alger et relancé le débat sur les frontières héritées de l’époque coloniale, un sujet particulièrement sensible dans la région.

L’affaire Sansal, révélateur d’un climat tendu

Au-delà du cas personnel de l’écrivain, l’affaire Sansal s’inscrit dans une période de fortes turbulences diplomatiques entre l’Algérie et la France. Depuis un an, les relations bilatérales ont connu un gel quasi total : suspension de la coopération migratoire, échanges diplomatiques limités et départ de plusieurs responsables politiques impliqués dans la gestion du dossier algérien. Le soutien par Emmanuel Macron au plan de Mohammed VI pour le Sahara occidental a mis le feu aux poudres : rappel de l’ambassadeur et déclarations rageuses s’en sont suivies. En France, l’extrême droite se donne depuis à cœur joie à descendre en flammes l’Algérie.

Sur France Inter, ce lundi matin, le patron de la DGSE, Nicolas Lerner, a pourtant laissé entrevoir des « signaux » positifs venus d’Alger, évoquant une possible reprise du dialogue. « Il n’est dans l’intérêt d’aucun des deux pays de rester dans cette situation de blocage », a-t-il déclaré, appelant à la libération de Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes, également détenu en Algérie.

L’Allemagne, nouvel acteur dans le dossier

En s’adressant directement à Abdelmadjid Tebboune, le président allemand introduit une nouvelle donne diplomatique. Cette intrusion dans le dossier ne peut avoir été faite sans la main de la France derrière. Si le rôle de Steinmeier est en principe honorifique, son intervention publique traduit une inquiétude croissante à Berlin quant à la dégradation du climat politique en Algérie et à l’image du pays sur la scène internationale.

Proposant d’accueillir Boualem Sansal pour qu’il bénéficie de soins adaptés en Allemagne, Steinmeier s’inscrit dans une logique de médiation humanitaire, tout en renforçant le positionnement moral et culturel de son pays en faveur des libertés d’expression. Une manière pour Berlin de s’affirmer sur le terrain des droits humains, tout en évitant la frontalité diplomatique qui a plombé les échanges entre Alger et Paris.

Vers une issue possible ?

À Alger, les autorités n’ont pas encore officiellement réagi à la demande allemande. Mais l’appel de Steinmeier pourrait constituer une porte de sortie honorable pour le pouvoir algérien, lui permettant d’adopter un geste d’apaisement sans apparaître sous pression française.

Reste à savoir si Abdelmadjid Tebboune, souvent réticent aux injonctions étrangères, saisira cette opportunité. Gageons que oui, car le président allemand lui offre une porte dérobée pour sortir de cette isolement qui frappe sa diplomatie. L’affaire Sansal, devenue emblématique de la tension entre mémoire, liberté et diplomatie, continue en tout cas de mettre en lumière la difficulté des régimes autoritaires à tolérer la parole critique, même lorsqu’elle vient d’une plume respectée à l’international.

Mourad Benyahia avec Agences 

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