Dimanche 30 août 2020
Biélorussie : des dizaines de milliers de manifestants défilent contre l’autocrate Loukachenko
Alexandre Loukachenko, 66 ans dont 26 à la tête de la Biélorussie, fait face à des protestations récurrentes depuis la présidentielle du 9 août, qu’il assure avoir remporté avec 80% des voix, tandis que ses détracteurs dénoncent des fraudes.
La mobilisation est toujours là. Minsk connaît sa troisième manifestation monstre depuis la réélection controversée du président Alexandre Loukachenko. Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues de la capitale biélorusse, dimanche 30 août, pour le troisième week-end consécutif et malgré une présence policière massive. Alors que la police antiémeute était présente en masse aux côtés de militaires masqués et armés, en nombre plus important que le week-end précédent, la mobilisation semblait aussi forte que lors des deux dimanches précédents, lorsque quelque 100 000 personnes ont défilé dans la capitale, selon l’AFP.
Les forces de l’ordre sont intervenues en début de manifestation arrêtant 125 personnes, selon le ministère de l’Intérieur cité par les agences russes. Elles n’ont pas fait usage de gaz lacrymogènes, de grenades sonores ou de balles en caoutchouc, comme elles l’avaient fait contre les premiers rassemblements.
Le soutien de Vladimir Poutine
La veille, les autorités biélorusses avaient retiré sans explications leurs accréditations à plusieurs journalistes travaillant pour des médias étrangers, dont l’AFP, AP, la BBC et Radio Liberty. Depuis le début du mouvement de protestation, les journalistes locaux et étrangers font l’objet de pressions et de brèves interpellations. L’accès à internet est régulièrement ralenti ou coupé.
Les résultats de la présidentielle ont été rejetés par l’Union européenne, qui prépare des sanctions contre des hauts responsables du pouvoir biélorusse, et a exhorté Alexandre Loukachenko à dialoguer avec l’opposition. Or, ce dernier s’est refusé à toute concession et dénonce un complot occidental destiné à le faire tomber. Les Européens avaient alors exhorté Vladimir Poutine à faire pression sur son homologue pour qu’il entame un dialogue avec le « conseil de coordination » formé par l’opposition pour promouvoir une transition pacifique à la tête du pays.
Mais le président biélorusse jouit jusqu’à présent du soutien de son plus proche allié : Vladimir Poutine s’est même dit prêt à intervenir chez son voisin si les protestations dégénéraient. Les deux hommes ont échangé au téléphone dimanche, Vladimir Poutine promettant à Alexandre Loukachenko « le renforcement de l’alliance russo-biélorusse », selon un communiqué du Kremlin.