L’Algérie officielle ne rate plus une occasion pour montrer son mépris à la dimension amazigh. Pour célébrer le 68e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1e Novembre 1954 et à l’occasion de la tenue du sommet de la Ligue arabe, la Banque d’Algérie vient d’émettre un nouveau billet de 2000 DA et une pièce de monnaie 50 DA.
Une nouvelle pièce de monnaie métallique de cinquantaine dinars algériens, comportant l’image de la résistante Hassiba Ben Bouali a également été présentée lors de la même cérémonie.
L’iconographie de ce nouveau billet fait la part belle au thème de la libération et de l’indépendance nationale. Une représentation à laquelle est associé l’événement politico-diplomatique du jour, le Sommet de la Ligue arabe représenté par le logo officiel de cette rencontre et la carte géographique du monde arabe.
Le verso de ce billet est une représentation sous forme de carte postale de l’Algérie montrant des paysages du Sahara algérien, des dromadaires, les montagnes du Hoggar, une vue de la côte tlemcénienne ainsi que les ruines romaines de Tipaza. En bonne place figure la grande mosquée d’Alger. A cela s’ajoutent les inévitables des éléments de sécurité, avec en filigrane l’effigie de l’Emir Abdelkader, des motifs de marques tactiles, une fenêtre transparente de la carte géographique de l’Algérie, ainsi qu’un fil de sécurité coloré. Mais rien qui rappelle l’identité amazighe. Enième mépris d’un régime qui piétine la Constitution en excluant ce référent national et par-là même les millions d’Amazighs de ce pays.
Sur le réseau social Facebook, ce nouveau billet est abondamment commenté et critiqué. Beaucoup sont déçus par le caractère désincarné de la configuration picturale de ce document fiduciaire qui ne reflète pas la réalité linguistique nationale. Outre le remplacement de la langue française par l’anglais avec la mention « two thousand dinars », on remarque l’absence de tamazight qui, constitutionnellement, a le même statut de langue nationale et officielle que l’arabe.
L’exclusion de tamazight de l’espace de représentation symbolique monétaire de l’Etat algérien montre encore une fois l’ostracisme qui frappe cette langue au niveau institutionnel. Une marginalisation qui est l’expression d’un parti pris politique et idéologique qui fait l’impasse sur la réalité socio politique algérienne.
« Une preuve que rien n’a changé dans la nouvelle Algérie qui fait la part belle à l’arabo-islamisme. Le tamazight comme 2ème langue officielle dans la constitution est encore ignorée comme dans l’ancienne Algérie de Bouteflika.
Les pays qui se respectent ayant plus d’une langue officielle émettent leurs billets de banque dans toutes les langues officielles. « Comme le Canada avec deux langues, la Suisse avec quatre langues ou encore l’Afrique du sud avec ses 11 langues nationales et officielles (!). Chacune d’entre elles figure sur au moins un des billets de banque en RAND actuellement en circulation », écrit sur sa page Facebook, Rachid, un Algérien expatrié au Canada.
Yacine K.