Vendredi 20 mars 2020
Bonatiro ou la science à l’algérienne ?
Depuis l’apparition du virus corona, et le nom de Loth Bonatiro, défraye la chronique !
Sur quelques plateaux-télé, le concerné, un astrophysicien de formation, affirme avec assurance avoir trouvé le remède et que beaucoup d’organisations internationales ainsi que de pays l’ont sollicité mais, par esprit patriotique, il a refusé de leur livrer la formule magique! Qui sont ces organisations et ces pays-là?
Louth Bonatiro, ex-candidat à la présidence, connu déjà du public algérien pour ses théories sur la planète Terre et les séismes, pour le moins bizarres, se garde curieusement d’y répondre, sous-entendant un mépris tacite à son égard de la part des autorités de notre pays.
Mais la question qui se pose est la suivante : M. Bonatiro a-t-il donné, au moins, un échantillon de son invention aux services du ministère de la santé, pour le tester, prouver scientifiquement son efficacité et le mettre, le cas échéant, sur le marché? Le flou dans les réponses des deux parties (Bonatiro et le Ministère), n’est là, paraît-il, que pour jeter davantage de la suspicion dans les cœurs.
Tandis que le premier se plaint des portes fermées devant lui, le second assure l’opinion publique qu’il n’avait rien reçu de la part du « médecin-inventeur »!
Puis, viennent les récentes déclarations du directeur de l’institut Pasteur selon lesquelles Bonatiro a bien livré un échantillon à son organisme, mais que celui-ci n’est pas en mesure de prouver son efficacité, car il y a tout un tas de procédures administratives, parfois longues, à suivre auprès du Ministère, pour accréditer le produit et le rendre « commercialisé ». Le responsable n’en reste pas là, ajoutant que des dizaines de citoyens anonymes, un peu partout sur le territoire national, lui font parvenir des petites solutions médicinales, de type artisanal, contre le Coronavirus, et s’il commence à donner de l’intérêt à tout cela, ce sera une catastrophe!
En d’autres termes, la médecine n’est pas du charlatanisme parce qu’il y a des normes, des critères scientifiques et une charte déontologique stricte à respecter pour approuver un médicament et le faire écouler sur le marché commercial.
Que faut-il en conclure? Toute une cacophonie dans cette Algérie, dépourvue de laboratoires de recherche, d’infrastructures sanitaires solides, de comités scientifiques ad hoc et, cerise sur le gâteau, sans relais communicationnel qui informe « correctement » le citoyen lambda. Enfin, l’invention Bonatiro porte-t-elle un fond de vérité, ou elle n’est que le « replay » de l’épisode tragi-comique du charlatan Zaibet, avec son produit RHB (rahmet rebbi), un faux médicament censé combattre le diabète, mis anarchiquement sur le marché avec la complicité officielle, et ayant causé les dégâts que l’on connaît tous?