L’arrestation de Boualem Sansal le 16 novembre 2024 à l’aéroport d’Alger a provoqué une onde de choc dans les sphères intellectuelles et diplomatiques. Cet écrivain franco-algérien, connu pour ses critiques virulentes à l’égard du régime algérien, est accusé d’atteinte à l’intégrité du territoire national, une accusation lourde qui suscite de nombreuses interrogations.
Si l’on ne peut que défendre la liberté d’expression, une question légitime se pose : Boualem Sansal a-t-il été emprisonné uniquement pour ses écrits et ses opinions ?
Ou cette affaire cache-t-elle des enjeux complexes, concernant des intérêts politiques, diplomatiques et stratégiques ?
Une arrestation et des zones d’ombres
Boualem Sansal connaissait parfaitement les risques de ses déclarations publiques. Ses prises de position sur des sujets aussi sensibles, tels que les relations tendues entre l’Algérie et le Maroc ou le traitement des droits humains en Algérie, ont régulièrement suscité des controverses.
L’un de ses propos, récemment relayé, où il critiquait la gestion de la souveraineté algérienne, aurait pu être la goutte d’eau qui a conduit à son arrestation. Il est essentiel de rappeler qu’avant de devenir écrivain à plein temps, Boualem Sansal était haut fonctionnaire au ministère de l’Industrie algérien, poste qu’il a quitté en 2003 après avoir été limogé en raison de ses écrits critiques.
Cette trajectoire illustre à quel point il a toujours été conscient des risques qu’il encourait dans un contexte politique où la dissidence est sévèrement réprimée.
Un autre élément intriguant est l’obtention récente de la nationalité française par Boualem Sansal. Perçu comme une protection contre les persécutions, il est pourtant troublant et intéressant de constater que ce statut a rapidement été mobilisé pour mettre le cas Sansal en lumière, alors que d’autres binationaux, parfois dans des situations similaires voire pire, ne bénéficient pas de la même attention ni médiatique ni diplomatique.
Il existe en effet de nombreux cas de Franco-Algériens emprisonnés en Algérie sans que la France ne s’en émeuve outre mesure. Des figures comme le militant Slimane Bouhafs ou des anonymes binationaux n’attirent guère l’attention des médias ou du gouvernement français.
Cette différence de traitement soulève des questions sur les motivations derrière l’implication de personnalités politiques françaises dans l’affaire Sansal.
Des figures politiques influentes, telles qu’Emmanuel Macron ou Gérald Darmanin, ont exprimé leur soutien à l’écrivain, alors que des personnalités comme François Zimeray, son avocat, se sont empressées de mobiliser les canaux diplomatiques. Or, François Zimeray n’est pas étranger aux dossiers sensibles impliquant l’Algérie. Il fut également l’avocat d’Amira Bouraoui, dont l’exfiltration vers la France avait provoqué une crise diplomatique majeure entre Alger et Paris.
Relations secrètes entre intervenants et gouvernements
Le rôle attribué à François Zimeray et les parallèles entre les cas de Sansal et Bouraoui que l’on peut en faire, méritent une analyse approfondie. Me Zimeray, ancien diplomate et avocat impliqué dans des affaires internationales souvent délicates et sensibles, est bien connu pour ses liens étroits avec des personnalités controversées comme Benyamin Netanyahou.
Ce dernier, lui-même très proche de Xavier Driencourt, ex-ambassadeur de France en Algérie, apparaît souvent en toile de fond dans des affaires touchant aux relations franco-algériennes.
Ces connexions suscitent des doutes quant à l’authenticité des intentions françaises dans ces affaires. La France cherche-t-elle simplement à défendre la liberté d’expression, ou y a-t-il un calcul géopolitique visant à provoquer le régime algérien, voire à exercer une forme de pression ?
Questions sur la sincérité médiatique
Les médias français, promptement mobilisés, ont largement relayé l’affaire Sansal, en faisant un symbole de la lutte pour les libertés. Mais ces mêmes médias restent étrangement silencieux sur des sujets où la France pourrait être mise en cause, comme sa politique ambiguë vis-à-vis de la Palestine ou des zones d’ombre dans sa gestion des droits humains.
Cela questionne la sincérité de la défense des libertés par la France. Les lecteurs ne sont pas dupes : ils perçoivent les incohérences et les manipulations potentielles, qu’elles viennent de Paris ou d’Alger.
L’importance d’un regard critique
Dans cette configuration, il est essentiel de ne pas se laisser berner ou endormir par les discours officiels ou médiatiques.
Les lecteurs doivent s’interroger sur les véritables motivations derrière l’engagement de personnalités comme François Zimeray ou Xavier Driencourt, tout en restant conscients des injustices commises par le régime algérien.
Ni la France ni l’Algérie ne peuvent se présenter comme des modèles immaculés.
Boualem Sansal est sans doute une victime de la répression mais il pourrait également être un pion volontaire ou involontaire dans un jeu trouble de pouvoir bien plus vaste.
L’affaire Boualem Sansal nous rappelle à quel point il est crucial de maintenir un regard critique sur les événements internationaux, et de ne pas céder à des narrations simplistes.
Ouanis Menaouel
De nombreux médias français ont interrogé la politique étrangère du gouvernement sur la question palestinienne et Gaza: l’Humanité, Marianne, Le Monde diplomatique, Médiapart, Blast, Libération, le Canard Enchaîné..De même concernant les violations des droits de l’homme lors de la mobilisation des gilets jaunes et contre la réforme des retraites. Tous ces médias existent toujours et n’ont jamais été inquiétés. Mettre sur un même plan l’état des libertés en France et en Algérie n’est pas sérieux. Rappelons que le journal Liberté, Radio M, l’association RAJ ont été arbitrairement fermés pour avoir critiqué la politique du pouvoir de fait. Souvenons-nous de l’interdiction du Matin pour crime de lèse majesté à l’égard de Boutesrika. Une fois acté le décès du défunt Hirak, que reste-t-il sinon des pressions tout azimut pour amener le pouvoir d’Alger à respecter les libertés fondamentales et le droit à une expression libre? Des manifestations devant les ambassades d’Algérie?
Les lecteurs doivent s’interroger sur les véritables motivations derrière l’engagement de personnalités comme François Zimeray ou Xavier Driencourt, tout en restant conscients des injustices commises par le régime algérien.
Ai-je besoin de connaître ce que pensent, disent, proclament Zimeray ou Driencourt ou de tout autre grande gueule politique française pour porter un jugement sur ce qui est arrivé à l’écrivain Sensal? Vous êtes en train de « noyer le poisson » pour parler vulgairement, monsieur le contributeur. C’est vous qui êtes entrain de nous endormir avec votre démonstration qui signifie que finalement cette affaire n’est qu’un « jeu trouble de pouvoir »… Algérien et français.
Un jeu trouble sans conséquences et sans importance? Vraiment?
Eh! Bien comme beaucoup de citoyens lambda libres, de n’importe quelle nationalité, je me permets de penser que c’est une honte pour notre pays d’emprisonne cet écrivain pour ce qu’il a dit ou pour ce qu’il a écrit. Car il est question de liberté fondamentale, de la liberté d’expression sans plus. Que nous importe le petit jeu hypocrite qui se joue depuis toujours entre les gouvernants algériens et français qui nous prennent pour des imbéciles algériens comme français?
Le « militant Slimane Bouhafs ou des anonymes binationaux n’attirent guère l’attention des médias ou du gouvernement français ». Et si c’était exact (bien que cela ne le soit pas) pourquoi faudrait il se taire? D’autant que, quand on lit les commentaires de certains de nos compatriotes à propos de cette arrestation sur certains réseaux sociaux, pour beaucoup d’entre eux, dont des bi nationaux, cet homme mérite la mort. Bien que l’écrasante majorité d’entre eux n’a lu aucune œuvre de cet écrivain.
Voilà où nous en sommes après 63 ans d’indépendance. Une société rigide, repliée sur elle même, intolérante, fermée aux réalités qui l’entoure.
Boualem Sansal nous rappelle à quel point il est crucial de maintenir un regard critique sur la politique de la gouvernance actuelle de notre pays concernant les libertés individuelles en Algérie où plus de 200 citoyens ont été jetés en prison par une justice aux ordres du pouvoir. Et toutes les ambassades le savent et même la presse internationale en parle. Comme elle relate actuellement l’emprisonnement de Boualem Sansal. Ce ne sont pas des narrations simplistes car emprisonné un écrivain de renommé mondial il n’y a que des régime gouverné par des doit disant « bienfaiteur de l’Humanité » (comme disait notre président il n’y a pas longtemps) qui en sont capables.