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Boualem Sansal : le courage en héritage

Boualem Sansal

« Comme quoi, avant de parler, il est prudent de s’assurer de ce que les gens vont entendre. » Boualem Sansal.

Depuis l’éclosion de l’immense Kateb Yacine et, jusqu’à nos jours, l’Algérie n’a jamais cessé de donner naissance à des génies littéraires qui nous surprennent tous par l’originalité de leur inspiration et la force incontestable de leurs convictions. Boulalem Sansal s’inscrit dans cette longue lignée de plumes brillantes et universellement reconnues.

C’est un homme d’un courage inébranlable dans sa quête de vérité et qui, prêt à prendre tous les risques, n’hésite pas à explorer les domaines les plus obscurs de l’Histoire et de l’âme humaine.

Certes, il marche contre les vents successifs qui ont ébranlé l’actualité de son pays…

À contre sens pourrait-on dire !… 

– «Si je n’y vais pas, qui donc ira porter la parole ?», nous affirmait-il en souriant, avec la simplicité qui est la sienne.

Oui. Ce que personne ne s’aventure à dénoncer, Boualem le dénonce. Là où personne ne veut aller… Boualem, lui, ose le voyage.

Que peut-on reprocher à cet écrivain dont le talent et la notoriété mondialement célébrés, n’ont en rien entamé l’humilité et le profond humanisme ? Peut-être craint-on le pouvoir des vérités qu’il révèle, des questions qu‘il soulève ? Peut-être sa clairvoyance effraie-telle certaines consciences étroites ?

Il est vrai qu’une grande ouverture d’esprit est requise pour accueillir les œuvres de Boualem Sansal, et pour accompagner sa pensée dans les distorsions successives qu’elle imprime à la réalité, ainsi qu’aux dérives de son temps.( qui est aussi le nôtre.)

Mais, gardons à l’esprit que, ce lanceur d’alerte idéologique n’a rien d’un carriériste politique. Il est écrivain, miroir, témoin, romancier, peintre… sans plus.

Serait-il possible qu’à notre époque, certains confondent encore le courage littéraire d’un analyste de la société, avec le danger politique voire l’action terroriste ?…. Ce serait une ineptie, une erreur grotesque d’appréhension.

Hélas ! Il semblerait que, dans le cas présent, on puisse s’attaquer de façon absurde au défenseur pacifique d’une opinion ou d’une vision du monde ! Et ce, sous le simple prétexte que son discours ne s’inscrit pas dans la pensée (unique) que véhicule la société en place….

Attention ! Danger ! Dérive ! Refermez vite cette boite de Pandore…Il en est encore temps ! Libérez Sansal… Sinon…

Cette arrestation arbitraire d’un homme de génie dont la seule arme reste, ne l’oublions pas, « sa plume », pourrait bien entacher durablement le front de ce magnifique pays qu’est l’Algérie.

Nadia Alcaraz, écrivaine

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