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Boualem Sansal sur France Inter : entre prison, liberté et regard sur l’Algérie

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Libéré après un an de détention arbitraire en Algérie, Boualem Sansal, écrivain et citoyen algérien naturalisé français en 2024, livre, dans un entretien exclusif diffusé,  dans la matinée de ce lundi,  sur la Radio publique française France Inter, son témoignage sur la prison, sa libération, et dénonce les enjeux politiques et idéologiques qui menacent la liberté d’expression dans son pays natal.

Connu pour ses critiques acerbes du pouvoir algérien et sa lucidité sur les enjeux régionaux, l’auteur de Le serment des barbares revient sur cette période, sa libération et la situation politique de son pays natal.

Il raconte son arrestation, liée à ses propos sur les frontières et l’histoire algérienne, et la justification officielle de sa détention : « Sur le plan formel, il faut un grief bien identifié. C’était l’atteinte à la frontière… » Malgré les pressions, il insiste sur la précision de ses critiques : « Moi, dans mes écrits, c’est toujours très précis. Je dénonce tel responsable pour telle politique. »

Une année en détention

Dans son récit, Sansal décrit la rigueur de la prison : fouilles fréquentes, isolement, restrictions de communication et hospitalisations imprévues. À la prison de Koléa, il a su transformer la contrainte en activité : cours pour les détenus préparant le Bac et le Brevet et séances sportives. Ces initiatives lui ont permis de maintenir une certaine normalité et de tirer des moments de solitude une réflexion personnelle : « On est seul, mais cela m’a permis de rester actif et de continuer à enseigner. J’ai remercié cette prison pour ça », a-t-il commenté avec une pointe d’ironie.

Il observe la stratégie du pouvoir algérien, qui instrumentalise la question du Sahara occidental et de la Palestine pour asseoir son autorité : « Le gouvernement algérien a deux hauts faits politiques et idéologiques : le Sahara occidental et la Palestine. »

Prisonniers d’opinion et le cas de Christophe Gleizes

 Sansal se prononce sur la situation des prisonniers d’opinion, dont le journaliste Christophe Gleizes, dont le procès était prévu début décembre : “Il y a des dizaines de prisonniers politiques, franco-algériens, français, allemands, italiens… J’espère qu’il sera libéré, mais tout reste incertain.”

Un pessimisme qui tient, selon lui, à un signal politique inquiétant : le refus de dernière minute du chef de l’État algérien de se rendre au Sommet du G20 de Johannesburg, où un entretien avec Emmanuel Macron était pourtant prévu — un geste qu’il qualifie d’“insulte, une humiliation”, et qui, à ses yeux, pourrait compromettre la libération de Christophe Gleizes.

Une libération orchestrée

La sortie de Sansal a nécessité un transit par l’Allemagne, contournant le refus direct des autorités algériennes d’intervenir via la France : « Tout ce qui venait de France aurait été rejeté. Il fallait un biais, et l’Allemagne a été ce biais. »

Il évoque aussi les visites nocturnes à l’hôpital, où des personnalités venues le voir confirmaient indirectement l’imminence de sa libération : « Ils venaient me dire ‘faites attention à ce que vous dites’, mais c’était aussi un signe que ma libération était imminente. »

Vie personnelle et santé

Le retour auprès de sa femme après un an de séparation a été un moment fort : « Quand ma femme m’a rejoint à Berlin, à l’hôpital… c’était formidable. Je ne l’avais pas vue depuis une année. »

Il précise être totalement guéri d’un cancer après une radiothérapie de 38 séances : « Le cancer, ça y est, c’est fini. »

Regard critique sur la France et l’islamisme

Sansal observe la menace de l’islamisme en France, qui dépasse selon lui le cadre politique pour s’ancrer dans les foyers : « Tant que ça reste un phénomène politique, ce n’est pas grave. Mais quand ça pousse dans les familles et les quartiers, c’est terrible. »

 Il réfute les accusations de proximité avec l’extrême droite, affirmant son indépendance et sa liberté de pensée. Il revient notamment sur une analyse économique qui lui tient de longue date : l’endettement peut être un moteur de performance. Il raconte qu’à l’époque où il était directeur central au ministère de l’Industrie, il avait cité l’exemple israélien comme modèle de réussite malgré un fort niveau de dette — une référence que le ministre islamiste Hachemi Djaâboub avait refusé d’assumer, allant jusqu’à chercher à le limoger. « Israël est très endetté… mais c’est ça qui le maintient. Il est intégré dans le monde »,  rappelle Sansal, qui, à la suite de cet épisode, avait été poussé à quitter son poste de directeur central au ministère de l’Industrie. »

Projets et engagement

Malgré son année de détention, Sansal reste déterminé à reprendre l’écriture et à défendre la liberté d’expression et les valeurs démocratiques : « J’aime bien me battre. J’ai toujours été comme ça. »

Il annonce un nouveau livre, qu’il souhaite inscrire dans une perspective universelle : « La légende, c’est retrouver mes amis, je vais aller retrouver beaucoup de gens… Nous vivons tous sur des légendes», lance-t-il,  mêlant mémoire, expérience et réflexion sur les sociétés algérienne et française.

Boualem Sansal incarne ainsi un témoignage rare : celui d’un écrivain confronté aux arbitraires politiques, à la diplomatie internationale et à l’enjeu de la liberté d’expression, tout en affirmant sa détermination à poursuivre son combat intellectuel et humaniste.

La rédaction

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