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Bouda Ferhat, quand le regard devient mémoire

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Dans un monde saturé d’images instantanées, promises à disparaître avant même d’être regardées, l’œuvre de Bouda Ferhat impose autre chose : le silence, la lenteur, l’attention.

Né à Bouzeguène, en Kabylie, il a grandi au milieu des montagnes, des escarpements et des villages perchés qui sculptent le caractère des hommes autant que la lumière. Là, se forge son regard : un œil patient, sensible, capable de saisir l’invisible.

Kabylie : la terre qui façonne le regard

Avant de devenir photographe, Bouda Ferhat rêve de cinéma. Il ne le pratique pas, mais il en garde la dramaturgie : la composition, le rythme, la lumière. La photographie s’impose à lui comme une évidence, une langue qu’il n’avait pas encore nommée.

De Bouzeguène à Paris, puis Francfort, son parcours n’a rien d’une fuite : c’est une extension. Ses images voyagent, mais reviennent toujours à la source — la Kabylie, ses villages, ses hommes, ses gestes.

Voyages : marcher pour regarder

Du Maghreb au Sahel, du Mali à la Libye, Ferhat photographie les peuples en marche, les traditions en mouvement, les visages qui racontent mieux que les mots.
Son objectif ne vole rien : il accompagne, il révèle.

Il ne cherche ni l’exotisme ni la misère spectaculaire. Il cherche la dignité. Une dignité silencieuse, têtue, qui traverse le temps.

Mémoire : le geste avant l’oubli

Ce qui frappe dans son travail, c’est l’intime. L’intime de ces hommes qui construisent un mur, réparent un chemin, lèvent une pierre.
L’intime de ces femmes qui marchent, portent, transmettent.

Ses photos sont des archives vivantes. Elles racontent les solidarités anciennes, les travaux collectifs, ces gestes qui unissent la communauté. Elles sont un rempart contre l’effacement, un acte de fidélité envers ceux qui font encore le monde avec leurs mains.

Un regard d’enfance devenu regard du monde

Je l’ai connu enfant : discret, curieux, absorbé par tout ce qui bouge et tout ce qui respire.
Son regard était déjà là, en germe.

Aujourd’hui, cet “œil de bœuf” — la métaphore que je lui attribue tant son regard perce le réel — capte la lumière comme d’autres captent la parole. Il éclaire les territoires, qu’ils soient kabyles, sahariens ou européens, avec la même délicatesse.

Chaque photo est un voyage. Chaque visage, une mémoire. Chaque lumière, un pont entre ce qui fut et ce qui demeure.

L’image qui reste

À l’heure où l’on consomme l’image comme un produit jetable, Ferhat nous rappelle que la photographie peut encore durer, toucher, transmettre.

Ses œuvres ne sont pas seulement belles : elles sont utiles. Elles éclairent, racontent, protègent.

Elles relient la Kabylie aux villes du monde, les montagnes aux déserts, le passé au présent.

Un jour, l’œuvre de Bouda Ferhat rejoindra peut-être celle des maîtres. Mais déjà, elle accomplit l’essentiel : elle fait vivre la mémoire à travers chaque regard qu’elle touche.

Aziz Slimani

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