Comme depuis qu’il est arrivé à El Mouradia, Abdelaziz Bouteflika continue de mener son monde en bateau. La méthode n’a pas changé d’un iota. Il proclame haut et fort une chose et fait avec entêtement sur le terrain son contraire.
Après 15 ans à El Mouradia, Bouteflika a-t-il encore quelque crédibilité pour mener des réformes qu’il a enterrées soigneusement durant toutes ces années ? Peut-on croire qu’il puisse être ce concepteur d’une Constitution, alors qu’il a allègement trituré à sa guise, foulé et violé la précédente ? Assurément non. On ne peut se draper du manteau de démocrate réformateur au soir de sa vie quand on a été biberonné à la culture du parti unique.
Le mépris des promesses est souverain chez le pouvoir actuel. Au cours du premier conseil des ministres de son 4e mandat, le locataire d’El Mouradia a encore promis monts et merveilles. Exactement les mêmes que celles qu’il avait avancé un certain printemps 2011. Deux ans plus tard, aucune de ses réformes n’a été réalisée. Pire, il nous les ressert avec le même cynisme. Combien de commissions (justice, école, Printemps noir, etc.) mises en place sans qu’aucune des conclusions soit mise en application ?
Qu’importe ! On prend les mêmes et on recommence. Certains voient dans cette débauche d’engagements, un calcul machiavélique pour faire oublier le hold-up politique du 17 avril. Mais le président comme ses soutiens d’ailleurs ne s’encombrent pas de principe.
A-t-il seulement un agenda ? Bien sûr que oui. Celui de finir sa vie au pouvoir. Et passant, pérenniser l’impunité et permettre aux membres de son clan qui trainent des casseroles de passer entre les gouttes de la justice – si tant est qu’une justice puisse un jour mener une enquête jusqu’à son terme. Toutes les autres questions qui viennent alimenter, de temps à autre l’actualité politique, ne sont que poudre aux yeux.
Ceux qui croient que le président va organiser une vraie réforme en vue d’une vraie séparation des pouvoirs risquent fort d’être déçus. Ceux qui attendent une Constitution consensuelle seront certainement eux aussi déçus. Car l’homme n’a jamais été un réformateur, son entourage encore moins. Ses 15 ans au pouvoir en sont la meilleure preuve.
Hamid Arab