Lundi 2 novembre 2020
Boycott massif du référendum constitutionnel pour une «nouvelle République »
Le vote pour la nouvelle constitution en Kabylie n’a pas eu lieu
Le taux de participation final, qui s’est établi à 23,7 %, constitue un revers cinglant pour le régime. Les résultats doivent être proclamés lundi matin.
Si le référendum du dimanche 1er novembre, en Algérie, devrait déboucher sur un « oui », il a été massivement boycotté par les Algériens, qui étaient appelés à entériner une révision constitutionnelle censée fonder une « nouvelle République ». Le taux de participation final s’est établi à 23,7 %, a annoncé en fin de soirée Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), un plus bas historique pour un scrutin majeur.
Cette abstention record, seul véritable enjeu du vote boycotté par l’opposition, constitue un revers cinglant, sinon humiliant, pour un régime confronté depuis février 2019 à un soulèvement populaire inédit, le hirak. À titre de comparaison, lors de la présidentielle de décembre 2019, la participation avait atteint 39,93 %, soit le taux le plus faible de tous les scrutins présidentiels pluralistes de l’histoire de l’Algérie, faisant du président Abdelmadjid Tebboune – toujours hospitalisé à l’étranger, dimanche, lors du référendum – un président mal élu et donc en quête de légitimité.
Port du masque obligatoire
Dimanche, seulement 5,5 millions d’électeurs se sont déplacés sur 23,5 millions d’inscrits. Les 900 000 électeurs de la diaspora ne sont pas comptabilisés, mais le taux de participation se réduit à l’étranger à un seul chiffre, selon l’Anie. Les résultats officiels doivent être proclamés lundi vers 10 heures (9 heures GMT), mais la victoire du « oui » ne fait guère de doute tant la campagne électorale, qui a laissé la population largement indifférente, a été à sens unique.
Les opposants n’ont pas été autorisés à tenir de meetings publics. Les partisans du hirak ont prôné le boycott tandis que les islamistes appelaient à voter « non ». À Alger, les électeurs se sont fait rares, selon des journalistes de l’Agence France-Presse. En raison de la pandémie, l’accès dans les bureaux était limité à deux ou trois personnes à la fois et le port du masque était obligatoire.
Des incidents en Kabylie
« Le peuple algérien sera, une fois encore, au rendez-vous avec l’histoire pour opérer le changement escompté, dimanche 1er novembre, en vue d’instituer une nouvelle ère à même de réaliser les aspirations de notre peuple à un État fort, moderne et démocratique », avait escompté Abdelmadjid Tebboune dans un message relayé samedi par l’agence officielle APS. La date du référendum n’avait d’ailleurs pas été choisie par hasard : le 1er novembre marque l’anniversaire du début de la guerre d’indépendance contre la puissance coloniale française (1954-1962).
Grand absent du scrutin, Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, est hospitalisé depuis mercredi en Allemagne pour des « examens approfondis » après l’annonce de cas suspects de coronavirus dans son entourage. Son état serait « stable et non préoccupant », selon la présidence, qui n’a pas donné de ses nouvelles depuis jeudi. Son épouse a voté pour lui par procuration dans une école d’Alger.