Dans une tribune publiée récemment sur sa page Facebook, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Atmane Mazouz, dénonce un « boycott quotidien et méthodique » du parti par les médias algériens, qu’il accuse d’agir sur instruction des autorités.
Dans un ton grave mais déterminé, le responsable politique y voit paradoxalement le signe d’une vitalité politique intacte et d’un discours qui dérange.
Cette réaction intervient au lendemain de la tenue, jeudi à Alger, de la 7ᵉ session du Conseil national du RCD, organisée au cercle Nadi El Moudjahid. Un événement important pour le parti, totalement ignoré par la majorité des médias nationaux, y compris ceux de service public. C’est ce silence qui a motivé la sortie du président du RCD, qui y voit une nouvelle illustration de la marginalisation médiatique que subit sa formation politique.
« L’ordre vient d’en haut. Les rédactions ont un seul chef », écrit Mazouz, en référence à ce qu’il qualifie de « circuits de désinformation du régime ». Selon lui, le traitement réservé au RCD par les médias nationaux — chaînes publiques, journaux généralistes, plateformes de grande audience — relèverait d’un « black-out organisé». Ce silence, estime-t-il, viserait à étouffer toute voix critique du pouvoir.
Le chef du RCD va plus loin en accusant certains médias historiquement liés aux luttes démocratiques d’avoir tourné le dos à leurs engagements initiaux. Il évoque une « politique d’exclusion assumée » à laquelle ces médias contribueraient désormais, sous l’effet conjugué de la pression politique, de la dépendance à la publicité étatique et de la peur du lendemain.
Mais Atmane Mazouz affirme que ce contexte d’isolement médiatique ne signifie pas la fin du combat. Il appelle à investir les réseaux sociaux, les médias alternatifs et les espaces citoyens comme autant de relais de mobilisation et de contre-information. « Notre force est d’en bas », insiste-t-il, évoquant les quartiers, les villages et la rue comme autant de lieux où la parole demeure vivante.
Dans ce plaidoyer contre l’invisibilisation médiatique, le président du RCD rend également hommage au journaliste Zoheir Aberkane, décédé début avril 2024, salué pour sa fidélité au combat démocratique dans les moments les plus difficiles. « Avec sa disparition, nous avons perdu un frère de combat, mais nous avons hérité de son exemple », souligne Mazouz.
Cette sortie intervient dans un contexte politique marqué par une réduction de l’espace d’expression pour les formations d’opposition, lesquelles dénoncent régulièrement une couverture médiatique inégale, sinon partiale. Elle traduit aussi une volonté du RCD de maintenir le lien avec sa base militante en s’affranchissant des canaux traditionnels d’information.
La faible visibilité du parti dans les médias dominants est un fait observable, renforçant les tensions entre les acteurs de l’opposition et un paysage médiatique perçu comme de plus en plus verrouillé.
Pour le RCD, ce silence ne relève pas uniquement d’un déficit de visibilité médiatique : il est perçu comme le reflet d’un rapport de force politique et comme un facteur de consolidation de son positionnement.
La rédaction