Vendredi 11 septembre 2020
Carte archéologique de l’Algérie: les vessies peuvent-elles être des lanternes ?
L’Atlas archéologique de l’Algérie (Alger-Paris 1911) –50 cartes au 200.000e. et 510 pages de textes– a été réalisé par S. Gsell, après 20 ans de pérégrinations exploratoires à travers le pays, avec la collaboration des officiers des brigades de l’armée et grâce à une riche documentation.
A l’exception des feuilles de Messad et de l’Oued Djeddi, non publiées, le sud de l’Algérie n’a pas été couvert mais sept fascicules sont parus entre 1902 et 1911. Que les esprits petits fassent l’économie de leurs charges indécentes et répétées contre ce grand homme et s’attellent plutôt à compléter son Œuvre ! S. Gsell, lui-même, admettait « les imperfections de cet Atlas… beaucoup de lacunes et sans doute des erreurs. Il pourra servir de base à des recherches qui, dans quarante ou cinquante ans permettront de le refaire .» (préface).
100 ans plus tard
L’Algérie indépendante a lancé, à la fin des années 1970, avec la Direction des Musées de l’Archéologie des Musées et Monuments Historiques (DMAMSH. Ministère de l’Information et de la Culture), sous la responsabilité des regrettées Fatima Kadria Kadra et Anissa Mohamedi, un projet d’inventaire archéologique de l’ensemble du territoire avec l’opération pilote de la wilaya de Tiaret. Puis, en dehors de tentatives ici ou là, peu communicatives, ces annonces médiatiques sur un « groupe de travail composé d’experts » qui promettait dans un délai de deux mois (!) une « carte archéologique algérienne » (https://www.liberte-algerie.com/culture/reconcilier-lalgerien-avec-sa-propre-culture-339850). Journal Liberté du 8 juin 2020.
Trois mois plus tard, à la place du miracle annoncé, une nouvelle promesse d’un autre miracle noyé dans une formulation insipide , accompagnée d’une carte basique de sites préhistoriques, d’une « cartographie archéologique [qui] concernera toutes les époques historiques. C’est un document précieux géo-référencié interactif, de surcroît un outil d’aide à la décision, de l’orientation dans les espaces et dans la gestion » ; ce devait être déjà le cas en 2013 avec un partenariat avec l’Agence spatiale Algérienne (https://www.elwatan.com/pages-hebdo/magazine-pages-hebdo/lalgerie-etablit-sa-cartographie-archeologique). Journal El Watan du 7 septembre 2020.
Pour prendre la mesure de ces élucubrations, extrayons de l’Œuvre de Stéphane Gsell la carte d’Alger : 80 sites décrits et documentés et 38 points rien que pour la cité d’Alger (feuille 5 ; voir les illustrations jointes). Last but not least : une monographie archéologique d’Ikosim-Icosium, dirigée par des spécialistes algériens, a été confrontée pendant 10 ans à des obstacles répétés, et la dernière phase, en cours, sa publication scientifique, ne sera pas de tout repos.
Clin d’œil à nos cousins de l’est et de l’ouest. En Tunisie, un projet de « carte nationale des sites archéologiques et des monuments historiques », à l’arrêt mais réalisé à 70% avec production et publication de cartes scientifiques. Au Maroc, diverses ébauches régionales surtout pour la période antique (Zilil, Tamuda-Sebta, Rif, Lixus), en attendant la carte archéologique proprement dite prévue avec « 15000 sites ». Dans ces deux pays, l’opération fut dirigée par des spécialistes reconnus internationalement.