Après la cascade d’abus judiciaires dont sont victimes les activistes et militants politiques, « la nouvelle Algérie » vient d’étoffer son triste palmarès en matière de répression de la liberté d’expression. Cette fois, l’arbitraire s’abat sur le monde du cinéma.
En effet, plusieurs réalisateurs dont les films étaient à l’affiche du Festival international du cinéma d’Alger dédiés aux films engagés qui a débuté samedi 2 décembre 2022 et se terminait samedi 10 décembre ont été victimes de cette ultime manifestation de l’autoritarisme débridée et décomplexé inauguré depuis son « intronisation » par le président Tebboune.
De fait, ces retraits en cascade donnent à ce Festival International du cinéma d’Alger (FICA) qui est à sa 11e édition, des allures de mauvais vaudeville. Plusieurs films programmés ont été tout simplement interdits d’écran suite à des injonctions qui ont déconcerté plus d’un, car ne sachant pas les raisons de cette censure qui ne veut pas dire son nom. Pourtant, la ministre de la Culture et des arts avait prononcé le discours d’ouverture du festival et le programme était bouclé plusieurs jours à l’avance.
Dans un communiqué rendu public (voir fac-similé), les organisateurs expliquent que la décision de la déprogrammation du film El Akhira/La dernière reine de Adila Bendimerad est du ressort du Ministère de la Culture et des arts qui, en vertu de la réglementation en vigueur relative aux visas d’exploitation cinématographique, dispose de prérogatives d’autoriser ou non la diffusion en avant-première de tous les films ayant bénéficié d’aide financière de l’Etat (production algérienne ou en coproduction).
Victime de cette décision qui prend la forme d’une lettre de cachet version algérienne appliqué à la création intellectuelle et artistique, Adila Bendimerade dont le film El Akhira/ « La dernière reine » qui s’attaque à un épisode peu connu de l’histoire de l’Algérie, celui de l’occupation ottomane de notre pays, ne cache pas sa déception et son incompréhension.
L’actrice algérienne et coréalisatrice avec Damien Ounouri de ce film de reconstitution historique qui a reçu jeudi en Arabie saoudite l’ »Award de la meilleure actrice » au Red Sea International Film Festival de Djeddah s’explique via un post paru sur page Facebook sur cette déprogrammation. « La veille, toute l’équipe du film « El Akhira, La dernière Reine » et le public ont appris, choqués, l’annulation de la diffusion en Algérie du long métrage.
En effet, « La dernière reine d’Alger » était programmé en clôture du Festival international du cinéma d’Alger, samedi 10 décembre. Mais il a été tout simplement annulé car le ministère de la Culture et des Arts et donc « ne l’a pas présenté en avant-première ». C’est ce qui a été annoncé par le Comité d’organisation dans ce communiqué relayé mercredi par plusieurs médias et acteurs, dont ceux du film récompensé à Djeddah. Tous ont exprimé leur mécontentement suite à cette décision qu’ils ont qualifiée de « déplorable »
Victime lui aussi de la même décision, le cinéaste algérien Merzak Allouache s’exprime à son tour sur l’interdiction de diffusion qui est faite à son film.
En effet, « La famille » le dernier opus de Merzak Allouache qui devait être projeté dans le cadre du « Focus femmes » du Festival International du film d’Alger, jeudi 8 décembre, à 18h, au Palais de la Culture Moufdi Zakaria a été tout simplement déprogrammé.
« Du cinéma « engagé au cinéma « dégagez »… Désolé pour les cinéphiles algériens qui n’ont pu voir plusieurs films déprogrammés par ce festival de la honte. Je suis rentré chez moi. En attendant des jours meilleurs. Pauvre cinéma algérien… », lâche avec rage l’auteur du mythique Omar gatlatou… » dans un post publié dans la matinée de ce samedi sur sa page Facebook.
Le désaveu est d’autant plus patent que Marzak Allouache officiait comme président du jury des films long métrage de la 11e édition du FICA.
Samia Naït Iqbal